Les forces de Bachar al-Assad ont mené samedi de nombreux raids aériens à travers la Syrie, dont l'un a tué huit enfants dans le nord du pays, au moment où l'Otan annonçait que ses premiers missiles Patriot déployés à la frontière syro-turque étaient opérationnels. Des raids aériens ont notamment visé la province d'Alep, celle de Raqa (nord), de Hama (centre), de Deraa (sud), et le sud et l'est de Damas, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de médecins à travers le pays. Le raid le plus sanglant a fait 16 morts, dont huit enfants, à Manjib (nord), selon l'ONG. Une vidéo diffusée sur YouTube -- qui n'a pu être authentifiée dans l'immédiat – montre des dizaines d'hommes se ruer vers les bâtiments touchés, pour retrouver des survivants sous les décombres. Un homme, dont la veste est couverte de poussière, court, un jeune enfant ensanglanté dans les bras. «Bachar est un chien!», lâche un jeune homme devant la caméra. Dans la même province d'Alep, des raids aériens ont fait sept morts à Al-Bab et à Azaz, à sept kilomètres de la frontière turque, selon l'OSDH basée en Grande-Bretagne. Neuf insurgés ont par ailleurs péri dans le bombardement par l'aviation de leur bastion de Qousseir (centre). Selon un bilan provisoire, les violences ont fait samedi au moins 83 morts à travers le pays, selon l'ONG: 47 civils, 25 rebelles et 11 soldats. Treize personnes ont notamment été abattues à Daraya, au sud-ouest de la capitale, par les forces du régime qui tentent depuis près d'un mois de récupérer cette localité rebelle. Ces nouvelles violences interviennent alors que l'Otan a déclaré opérationnelle la première des six batteries de missiles Patriot déployées par l'Alliance atlantique en Turquie pour protéger sa frontière avec la Syrie d'éventuelles attaques. Une fois le dispositif totalement opérationnel, l'organisation affirme qu'elle sera en mesure de fournir une protection à quelque «3,5 millions de Turcs» pour une durée d'un an. Parallèlement, le vice-Premier ministre syrien Qadri Jamil a assuré que la Russie, un des derniers soutiens du régime syrien, continuait de lui livrer des armes dans le cadre de contrats conclus de longue date. Face à l'intensité des combats qui poussent chaque jour des milliers de Syriens à quitter leur pays, Médecins sans frontières (MSF) a appelé les belligérants «à respecter les structures médicales» et à faciliter l'accès aux soins. Les hôpitaux de campagne sont régulièrement bombardés en Syrie et de nombreux médecins opérant en zone rebelle y ont perdu la vie. Jeudi, «un missile est tombé à 800 mètres» de l'un des trois hôpitaux installés clandestinement par MSF dans le nord de la Syrie, selon l'ONG. «Le conflit a un lourd impact sur les plus vulnérables», malades chroniques, femmes et enfants, souligne MSF, qui explique notamment que le stress lié aux violences a fait augmenter le nombre de fausses couches et de naissances prématurées. Alors que l'ONU table sur 1,1 million de réfugiés d'ici juin, Londres s'est engagé à fournir 25 millions d'euros d'aide humanitaire supplémentaire pour aider les 600 000 réfugiés syriens, dont la moitié seront consacrés à aider la Jordanie qui en accueille quelque 300 000. Des experts de la Ligue arabe étaient samedi dans le royaume pour évaluer les besoins des réfugiés à quatre jours d'une réunion de donateurs à Koweït. L'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés de Palestine (UNRWA) a appelé les donateurs à ne pas oublier les quelque 500 0000 Palestiniens installés en Syrie, affirmant qu'ils étaient en train «de devenir des doubles réfugiés».