Au moins 40 personnes relevant de la direction des travaux publics ont été auditionnées récemment par la brigade économique de la sûreté de la wilaya dans une affaire de faux et usage de faux, ayant fait l'objet d'un dépôt de plainte de la première responsable du secteur au niveau du parquet de Souk Ahras. Les faits remontent au 8 mars dernier, où au moment où la majorité des travailleurs de ladite direction étaient en réunion de travail (document faisant foi), un membre de l'Union locale de l'UGTA confectionnait un vrai-faux document et induisant en erreur le groupe intéressé par la création d'une section syndicale. Une assemblée générale fictive et des faits imaginaires furent inscrits sur lesdits faux documents. Fortement étonnés par l'existence de leurs noms sur des fichiers et de faux émargements, des travailleurs ont aussitôt alerté leur direction. Cette dernière déposera plainte tout en déclarant aux officiels que ladite réunion n'a jamais eu lieu. Dans une correspondance officielle (N°19/DTP/2015), il est fait état de graves irrégularités, insistant sur le fait que les cartes d'adhésion numérotées du 736826 au 736901 appartiennent à des personnes fictives. L'auteur de cet acte délictuel, membre du syndicat de Sidi Saïd, épaulé, présume-t-on par un responsable régional de l'UGTA, avait été repéré lors d'une série de complots fomentés pour l'octroi de certains marchés publics, et c'est là toute l'importance de cette affaire que le circuit judiciaire est en passe de banaliser. Au lieu de l'auteur de la signature et de l'émission du faux document, c'est une vieille recette que l'on met en application : on présente de faux inculpés au prétoire pour les disculper ensuite pour «absence de preuves matérielles» qui sont, évidemment ailleurs, éventuellement chez un pseudo-témoin. Approché par El Watan, Benouaret, président de la section syndicale contestée par la directrice de la DTP, s'en défend avec une objectivité convaincante, à travers les propos suivants : «Je suis un travailleur qui désirait créer une section syndicale ayant pour tutelles l'Union de wilaya et l'Union locale de Souk Ahras. J'ai formulé une demande avec le consentement de mes collègues pour concrétiser ce vœu. Jusque-là je n'ai commis aucun acte délictuel et c'est ce que tous les travailleurs ont confirmé devant les enquêteurs de la police». Quand le syndicalisme opte pour des maîtres chanteurs et que la justice évolue dans la proximité des milieux occultes, le pire est à craindre. Jusqu'à l'heure actuelle, le signataire du faux document n'a pas été auditionné, même pas en qualité de témoin.