La 20e édition du Salon international du livre d'Alger, ouverte depuis 5 jours, connaît un afflux d'étudiants en quête d'ouvrages scientifiques et techniques. Malgré leur disponibilité, les livres ne sont pas mis en valeur. En dépit de la forte domination du livre numérique (e-book) qui bouscule le monde de l'édition, le livre imprimé, lui, parvient à préserver son aura. Les stands, au Salon international du livre d'Alger (SILA), drainent une foule imposante à la recherche d'ouvrages passionnants pour certains, indispensables pour d'autres. Ce qui constitue la nouveauté dans cette 20e édition du SILA, c'est la disponibilité, à des prix abordables, des livres scientifiques et techniques malgré leur faible proportion en comparaison avec les ouvrages littéraires. «Cette année, nous avons pensé à agrandir le stand pour une meilleure visibilité. Les prix ont également été baissés pratiquement de moitié pour être accessibles aux étudiants. Nous avons pensé aussi à changer la couverture des livres pour réduire leur prix. Les tarifs passent dans certains cas de 4800 DA à 2000 DA. Il est à noter que les livres que nous mettons en vente sont des ouvrages médicaux», indique Hamid Abrika, PDG de la maison d'édition VG & Med-Line, devant le stand sur lequel nombre d'étudiants déferlent. M. Abrika ajoute par ailleurs que la maison d'édition a ouvert des points de vente dans plusieurs wilayas (Alger, Batna, Oran, Tizi Ouzou et Mostaganem). Par ailleurs, si les prix des ouvrages médicaux restent, malgré les efforts consentis, encore chers, certains étudiants se contentent de farfouiller dans le stand de l'Office des publications universitaires (OPU) à la recherche de livres moins onéreux. Les manuels des autres spécialités sont généralement moins chers, comme les livres des sciences sociales. «J'ai trouvé des livres intéressants en sciences économiques pour une bouchée de pain par rapport à ce qui est exposé ailleurs», s'enthousiasme une étudiante, dont l'intérêt est porté sur un livre de première année en sciences économiques. «La majorité des visiteurs de ce stand sont en première année tronc commun», indique un agent de l'OPU, qui essaie tant bien que mal de réguler le flux des étudiants qui prennent d'assaut le stand. Traductions Outre les maisons d'éditions locales, les éditeurs étrangers expriment également leur forte présence par l'exposition des livres dans tous les domaines et à la portée du grand public. C'est le cas de Nouveaux Horizons, une maison d'édition subventionnée par le département d'Etat américain, dont la finalité est la traduction et la publication en langue française des livres d'auteurs américains dans différents domaines : sciences politiques, économie, management, sciences, histoire... «La maison d'édition Nouveaux Horizons existe depuis plus de 20 ans. Nous mettons à la disposition des lecteurs d'Afrique francophone des ouvrages d'auteurs américains traduits en français. L'objectif est de partager la littérature américaine ainsi que les différentes sciences et d'en faciliter l'accès. S'agissant du prix des publications, il faut savoir que c'est aux distributeurs algériens de le fixer. Nous nous contentons de rendre les ouvrages américains disponibles au grand public», explique Ann Fiorillo, attachée de presse de l'ambassade des Etats-Unis, qui ajoute que les distributeurs de ces ouvrages sont également présents au SILA. Cependant, le charme des rayonnages hérissés de livres s'oppose à l'anarchie qui règne en maître. Les stands sont disposés sans cohérence aucune. Impossible de repérer aisément un éditeur précis parmi les 910 maisons d'édition. Pêle-mêle, on trouve sur le même couloir des éditions arabophones, francophone,s anglo-saxonnes et autres. Sans distinction entre les éditeurs et autres distributeurs locaux ou étrangers. Ainsi, les étudiants à la recherche de livres spécialisés se retrouvent dans l'obligation de butiner autour des différents stands avant de trouver celui qui présente les ouvrages recherchés. Une quête qui fini par convaincre ces jeunes étudiants que les livres scientifiques et techniques sont sous représentés au Salon du livre. «Non. Les livres scientifiques et techniques sont présents en force au SILA. Je participe à cet évènement depuis une quinzaine d'années. Et j'ai toujours constaté la présence de ces ouvrages. Seulement, il y a un grand défaut de communication autour. De plus, la disposition des stands, qui n'obéit à aucun critère logique, disperse les maisons d'éditions et les distributeurs spécialisés. C'est ce qui donne l'impression que ce genre de littérature n'existe pas», témoigne Nassim Gougam, chef du stand MegaPoint. Ce distributeur de la maison d'édition Nouveaux Horizons, en collaboration avec l'ambassade des Etats-Unis, révèle que plus de 80% des ouvrages qu'il présente sont dédiés à la science, la technique et la technologie. Il s'agit en fait de traductions d'œuvres d'auteurs américains, mis à la disposition des lecteurs de l'Afrique francophone. «Nous sommes trois distributeurs qui travaillons avec ce programme. Seulement, nous restons invisibles, car nous sommes répartis sur l'espace du SILA, mêlés avec les éditeurs spécialisés dans les livres de cuisine, les livres religieux, les parascolaires et autres delittératures. Il n'est pas aisé donc de nous trouver», explique-t-il. Regrettant que les étudiants ne lisent pas beaucoup en dehors de leur domaine de d'étude, Nassim Gougam ajoute que le gros des ouvrages qu'il présente tourne autour de la médecine et du paramédical. Des livres qu'il essaye de rendre accessible en baissant le prix, déjà largement soulagés par le programme US.