La dépréciation de la valeur du dinar porte un coup dur aux entreprises algériennes et à l'économie nationale. «Toutes les entreprises algériennes, sans exception, sont touchées par la dévaluation du dinar», constate Slim Othmani, président du conseil d'administration de l'entreprise privée de boissons Nouvelle Conserverie algérienne (NCA-Rouiba). Les entreprises locales font face, à ses yeux, à un «dilemme cornélien». «Est-ce que toute l'économie algérienne doit accepter de perdre de l'argent pour garantir la stabilité sociale du pays ou sommes-nous capables de sortir un discours clair à l'attention du peuple algérien pour lui expliquer que l'économie ne peut pas tourner à perte ?» s'interroge Slim Othmani, dans une déclaration à El Watan. Les conséquences directes de la dévaluation de la monnaie locale ont pour nom la hausse des prix et de l'inflation. Pour le moment, le n°1 algérien des boissons fraîches à base de fruits n'a pas l'intention d'augmenter les prix, mais entend agir sur d'autres leviers. «Avant de se précipiter dans une logique d'augmentation de prix, il faut aborder deux aspects. Le premier est d'ouvrir des négociations avec tous les fournisseurs de l'entreprise, renégocier tous les contrats à la baisse si possible. Deuxièmement, travailler en interne au sein de l'entreprise pour explorer tous les réservoirs de productivité, pour voir si l'entreprise peut tourner de façon plus efficiente et donc générer du profit qui permettra de compenser la perte. Cet exercice est bénéfique pour l'entreprise, mais toutes ces actions ne seront pas pour autant suffisantes, parce que la dépréciation a été trop forte», s'inquiète le patron de la NCA-Rouiba. Outre une hausse inévitable des prix et une poussée inflationniste, notre interlocuteur évoque le risque de plans sociaux. «Quand je parle de travailler sur les réservoirs de productivité, malheureusement, cela va inclure, dans certains cas, des plans sociaux et aussi handicaper les processus de recrutement. Ce sont là tous les effets pervers de la dépréciation du dinar», poursuit-il, appelant la Banque d'Algérie à intervenir pour que cesse cette situation des plus pénalisantes. A l'instar de NCA-Rouiba, le groupe Condor, première entreprise privée algérienne spécialisée dans l'électronique, n'a pas été épargnée par la dévaluation de la monnaie nationale. La matière première «devient plus chère à cause de la dépréciation du dinar. Cela représente une hausse de 20%. Actuellement, on essaie de baisser les prix à l'import avec nos fournisseurs», confie Abderrahmane Benhamadi, membre du conseil d'administration du groupe, implanté à Bordj Bou Arréridj. Alors que la dévaluation du dinar se poursuit, Condor ne peut plus désormais continuer à tourner à perte. «On a résisté jusqu'à présent, mais malheureusement il va y avoir des augmentations de prix sur tous les produits, surtout là où il n'y a pas de fort taux d'intégration. Par contre, là où il y a un fort taux d'intégration, ceci est bon pour l'entreprise notamment à l'export», explique-t-il, précisant que les augmentions des prix oscilleront entre 10 et 15%. Dans ces conditions, M. Benhamadi, qui prévoit une baisse de la demande, souligne qu'il «faut aller vers la vérité des prix». «On ne peut pas continuer à supporter le dinar indéfiniment», a-t-il déclaré. Excepté une hausse des prix, l'entreprise n'envisage pas de supprimer des emplois et prévoit de lancer un plan d'investissement pour fabriquer localement certaines matières premières, actuellement importées.