Pour des opérateurs, la perte de la valeur de la monnaie nationale par rapport à l'euro a eu des répercussions sur leur chiffre d'affaires. Les uns l'ont déjà répercutée sur leurs produits, les autres attendent la meilleure opportunité pour augmenter leurs prix. Contacté, Slim Othmani, du groupe privé NCA, traduit l'inquiétude des opérateurs face à cette chute du dinar. "J'ai eu l'occasion de parler de ce sujet dans une déclaration. Certains parlent de dépréciation, d'autres de dévaluation. Le gouvernement parle de dépréciation, c'est-à-dire juste un ajustement technique (évolution euro/dollar sur les marchés de change internationaux), nous, opérateurs, nous considérons cette chute du dinar comme une dévaluation. Elle est de l'ordre de 10% par rapport à l'euro depuis janvier 2013. La plus grande partie de nos importations est libellée en euro. Le gouvernement a opté pour cet ajustement technique pour réduire les importations, en un mot, à travers le taux de change. Cette chute du dinar depuis le début de l'année a affecté de manière agressive l'entreprise, notamment celle de production, à travers les intrants importés (devenus plus chers à cause de cette dévaluation du dinar). Vous n'avez pas d'autre choix que d'augmenter les prix des produits. On nous a mis en garde contre l'augmentation des prix des produits. Je me demande où nous allons répercuter ces pertes subies depuis le début de l'année. C'est une grosse perte pour les entreprises. Tout le monde est touché : petites, moyennes et grandes entreprises. Les intrants que nous importons pour fabriquer les produits sont libellés en euro. Les entreprises ont subi des pertes qui remettent en cause leur compétitivité sur le marché algérien. Cette dévaluation du dinar est conséquente. Elle a un impact négatif sur le pouvoir d'achat de chaque Algérien." Cependant, la Banque d'Algérie compte remédier à cette situation. À travers la dernière note, elle veut envoyer un signal positif à l'opinion publique et aux opérateurs. Traduire : la Banque d'Algérie veut désormais faire davantage attention à ce que ces fluctuations de change n'aient pas de répercussions significatives sur le pouvoir d'achat des citoyens. En dépit de ce discours rassurant, B.S., opérateur à Oran, reste pessimiste. Il s'attend à une augmentation des prix des principaux produits de large consommation du fait de la dévaluation du dinar : "Nous avons subi des pertes en termes de chiffre d'affaires à cause de la dévaluation du dinar par rapport à l'euro : 10% de janvier à aujourd'hui . Nous les avons déjà répercutées sur les prix de nos produits (électroménagers). Mais j'anticipe de nouvelles augmentations des prix de large consommation, une fois que les stocks actuels auront disparu et qu'il va falloir reconstituer de nouveaux stocks." Quant à la politique de change de la Banque d'Algérie, Slim Othmani, l'un des principaux animateurs du cercle d'action et de réflexion sur l'économie nationale d'Algérie, il la critique de manière acerbe : "Cette politique de change est une catastrophe. Pourquoi ne laisse-t-on pas ouvrir des bureaux de change ? Pourquoi n'accorde-t-on pas des marges suffisantes sur les taux de change de façon à ce que se développent les bureaux de change ?" B.S., lui, souligne que le Forum des chefs d'entreprise a demandé en 2004 l'institution d'un mécanisme de couverture de risque de change de manière à protéger les opérateurs contre ces fluctuations. En clair, les opérateurs achètent la devise à terme (achats anticipés de la devise). Mais en 2013, cet instrument n'est toujours pas fonctionnel. K. R. Nom Adresse email