M arché de Touggourt, un vendredi à 11h30. Les commerçants et marchands ambulants commençaient à plier bagages, voilà que pas loin du marché couvert, un marchand proposa à des prix concurrentiels sa marchandise… Mais quel type de marchandise ? Des citernes, des bidons, des jerricans et autres récipients en plastique contenant des résidus de produits chimiques : toxiques, corrosifs et parfois cancérogènes, classés dans la catégorie des déchets spéciaux dangereux. Ces emballages d'un grand risque pour la santé sont vendus au vu et au su de tous sans aucun contrôle. L'ignorance de la grande majorité de la population du danger et de la nocivité de ces emballages pour leur santé et l'absence des services de contrôle dans les marchés hebdomadaires, citons le rôle des services d'hygiène de santé communale, de la PUPE et les services de contrôle des fraudes, ont fait que tout est permis à vendre dans nos marchés, ce qui est bon ou mauvais, ce qui est utile ou nuisible… Tout est permis ! Mais la catastrophe est là sous les yeux de qui sait regarder… Après une simple vérification de l'origine de ces emballages, le constat est immédiat s'agissant d'entreprises pétrolières étrangères basées à Hassi Messaoud. Les lois algériennes relatives à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable existent bel et bien. Treize lois à être adoptées jusqu'à présent, la loi n°01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets prévoit la prévention et la réduction de la production et de la nocivité des déchets à la source, le traitement écologiquement rationnel des déchets et l'information et la sensibilisation des citoyens sur les risques présentés par les déchets et leur impact sur la santé et l'environnement, ainsi que les mesures prises pour prévenir, réduire ou compenser ces risques. Arsenal juridique inefficient Dans ce contexte, on entend par déchets spéciaux dangereux, ce qui est le cas de ces emballages vendus au marché hebdomadaire de Touggourt, tous les déchets spéciaux qui, par leurs constituants ou par les caractéristiques des matières nocives qu'ils contiennent, sont susceptibles de nuire à la santé et/ou à l'environnement, ladite loi, dans son article 16, exige aux générateurs et/ou détenteurs de ces déchets spéciaux d'assurer ou de faire assurer et à leurs charges la gestion et l'élimination de leurs déchets. On lit aussi dans l'article 19 qu'il est formellement interdit à tout générateur et/ou détenteur de déchets spéciaux dangereux de les remettre ou de les faire remettre à toute personne que l'exploitant d'une installation autorisée pour le traitement de cette catégorie de déchets, ou bien à tout exploitant d'une installation non autorisée pour le traitement desdits déchets. On notera aussi que tout générateur de ces déchets est responsable des dégâts et dommages induits, selon les lois algériennes relatives à la protection de l'environnement. La mort commence dans l'emballage Alors comment se fait-il qu'avec tout cet arsenal juridique, une société étrangère détentrice et génératrice de ces déchets toxiques ne respecte pas les lois du pays et ne prenne pas des mesure pratiques permettant d'assurer que ces déchets soient stockés et éliminés d'une manière garantissant la protection de la santé publique et de l'environnement contre les effets nuisibles que peuvent avoir ces déchets ? Il s'agit d'entreprises qui prônent l'écologisme et qui veulent faire croire que le monde moderne est l'exemple idéal de pays qui respectent la santé humaine et protège l'environnement, mais qui s'en soucient peu dans le tiers-monde.