Si du côté des parents l'on se plaint du «manque de considération» de la tutelle, certains enseignants relèvent, pour leur part, la «démission» et la «complicité» de certains parents. A travers un témoignage empreint de dépit, Samia B., prof d'arabe dans le cycle secondaire et cumulant une expérience de 29 ans, renvoie la balle aux parents - nombreux selon elle - qui ne se manifestent qu'à la fin de l'année pour protester contre les mauvais résultats de leurs enfants. «L'année dernière, quand la directrice de l'établissement a convié les parents d'élèves des classes de terminale pour une rencontre d'évaluation du premier trimestre, il y avait à peine une quinzaine de parents à y avoir assisté. Cela fait bientôt trente ans que j'enseigne l'arabe dans le secondaire et j'ai pu constater au fil des années une démobilisation progressive et effrayante des parents d'élèves. Ces derniers ne répondent plus favorablement comme avant aux convocations des professeurs ou à celles de l'administration. Quand un élève fait le pitre en classe, qu'il perturbe ses camarades ou hausse le ton pour intimider ses enseignants, nous nous tournons alors vers les parents pour les informer des agissements de leur enfant et bien entendu espérer leur collaboration pour le remettre sur le droit chemin. Malheureusement, on trouve rarement de l'aide auprès des parents. Bon nombre d'entre eux sont démissionnaires. Ils ignorent souvent que leur enfant est un élément perturbateur qui refuse de faire le moindre effort, sèche les cours et ne se donne même pas la peine de rattraper ce qu'il a manqué. Dans certains établissements, le renouvellement du bureau des associations de parents d'élèves se fait au forceps, à cause du nombre réduit des présents, des femmes le plus souvent, comme si les pères étaient exempts de toute présence physique ou même morale en faisant partie d'une association. La loi existe certes, mais la réalité est tout autre et elle est amère. Le rôle des parents est primordial dans l'éducation de leurs enfants, car avant tout, avant l'école, c'est la famille qui éduque et montre la voie. Il y a deux ans, après le scandale de la triche au bac et la menace de l'ex-ministre de l'Education Baba Ahmed d'exclure les tricheurs durant cinq ans, j'ai vu des parents mécontents déverser toute leur rage sur les responsables du secteur, exigeant que leurs enfants soient blanchis. Où étaient-ils durant leur scolarité, quelle valeurs leur ont-ils transmises ? Celles de la triche et de l'imposture ?»