La commission de recours est à l'œuvre. Et le ministre attend ses conclusions pour leur donner suite, "au cas par cas". Un travail perturbé par l'initiative du Premier ministre : il a décidé de passer outre la loi qui punit les tricheurs d'une interdiction d'examen sur plusieurs années, ne sera pas appliquée. Avec un peu de chance, d'ici quelques jours, le nombre de tricheurs sanctionnés sera ramené à un peu moins des 3 180 sanctionnés. Et les recalés définitifs pourront se représenter l'année prochaine. Alors, pour ce qui intéresse le gouvernement, la paix, tout sera rentré dans l'ordre. D'ailleurs, c'est dans cet esprit que le directeur de l'Onec avait, d'emblée, minimisé l'ampleur du scandale en relativisant la part des fraudeurs par rapport à l'ensemble des candidats. Sans aller jusqu'à dire que cette infamie est une invention de la presse, il l'a quand même accusée d'en exagérer la gravité. L'intrusion occasionnelle de journaux dans les activités de responsables habitués à la paisible routine des rapports "circonstanciés" en direction de l'unique contrôle hiérarchique les agace à juste titre. Pour nos responsables de l'Education, la question semble se résumer à ceci : puisqu'il faut sanctionner, sanctionnons, mais le moins possible ! Ce qui, comme démarche, n'a rien à voir avec l'application de lois et règlements soigneusement élaborés pour protéger les statuts de nos diplômes et leur crédit. Les enseignants, eux, sont "offusqués" par l'indulgence anti-pédagogique du Premier ministre et par les libertés qu'il prend avec la réglementation. À travers leurs syndicats, ils se sont dit "scandalisés" (Unpef) par "la déclaration qui efface toute la démarche du ministère de tutelle". L'on se laisserait attendrir par le rigorisme académique de nos profs si l'on oublie qu'au commencement il y a l'enseignant. Et que si cette triche massive, et parfois collective, ait pu se produire, ce que des lycéens n'ont pas été... éduqués pour gagner honnêtement leur vie et donc leurs... examens. Ou, du moins, parce que cette éducation n'a pas réussi. Le même syndicat trouve "intolérable que des élèves ayant été pris en flagrant délit de tricherie, exclus selon des textes en vigueur, soient rétablis par une déclaration du Premier ministre". Ne serait-il encore plus "intolérable" que "des élèves ayant été pris en flagrant délit de tricherie" aient pu continuer à concourir et voir leurs copies parvenir jusqu'à l'office du bac, corrigées et soumises à délibération ? Ce n'est pas en s'empressant autour d'élèves qui ont quitté la salle d'examen, en les suppliant de reprendre l'épreuve que "la corporation travaille pour redorer le blason du bac algérien", comme le prétend le Snapest. Une professeure relate au journal en ligne TSA que certains de ses collègues lui demandent à consulter ses sujets d'examen pour "les divulguer ensuite aux enfants d'untel ou untel. Au début, je ne m'en doutais pas. Ce sont des enseignants ! Actuellement, je refuse de montrer ce que je fais. Je refuse même de préparer mes sujets avec d'autres collègues..." La soumission d'enseignants au trafic d'influence, leur réflexe démissionnaire devant la difficulté, le négoce en tous genres du résultat scolaire et universitaire ont fini par instiller à tous les niveaux de l'institution scolaire et universitaire une pédagogie de la fraude. M. H. [email protected] Nom Adresse email