Aïcha Bouabaci appelle à un rapprochement entre les auteurs africains et au dépassement des frontières. L'écrivaine algérienne Aïcha Bouabaci a franchi un grand pas en publiant son dernier roman Le désordre humain conté à mon petit-fils aux éditions du Flamboyant au Bénin, exposé au 20e Salon international du livre d'Alger (Sila). «Pour la deuxième édition du roman, j'ai choisi le Bénin. Quand les éditions du Flamboyant m'ont proposé de rééditer le livre, déjà paru en Algérie, je n'ai pas hésité. Parce que le Bénin, c'est l'Afrique, mon Afrique. Je trouve très bien d'avoir des lecteurs en Afrique. Un éditeur venu du continent a imprimé son livre en Algérie. Il y a donc un début de solidarité interafricaine. Il faut peut-être engager une action pour rapprocher les auteurs africains de toutes les régions du continent, créer quelque chose qui dépasse les frontières entre Afrique du Nord et le reste du continent», a-t-elle souhaité appelant à faire circuler la littérature africaine. «Nous publions beaucoup d'auteurs qui ne sont pas du Bénin : des Maliens, des Burkinabè, des Nigériens et des guinéens. Cela s'impose à moi d'une manière naturelle puisque j'assure moi-même la distribution, je voyage beaucoup. Et au cours de ces voyages, je prends attache avec les auteurs comme ici à Alger», a précisé, pour sa part, Gérard Houessou, directeur des éditions du Flamboyant. Ces éditions ont, par exemple, publié Le cri des feuilles qui meurent du guinéen Libar Fofana. Un livre primé qui a eu beaucoup de succès en Afrique de l'Ouest. Gérard Houessou a reconnu qu'il est encore difficile de distribuer des livres au Bénin en raison de l'inexistence de subventions de l'Etat. «En Tunisie, par exemple, la fabrication des livres est soutenue. Aussi, les livres sont-ils moins chers à l'achat. Avec la publication du livre de Aïcha Bouabaci, je vais commencer à maîtriser la politique du livre en Algérie. Nous faisons un bon chiffre d'affaires avec les livres scolaires et universitaires», a-t-il dit. Basées à Cotonou, les éditions du Flamboyant existent depuis le début des années 1980. «Jusqu'à 1990, nous avions le monopole puisque nous étions la seule maison d'édition dans le pays. Avant l'avènement démocratique, nous avons publié plus de 800 livres. Aujourd'hui, plusieurs éditeurs travaillent au Bénin. Nous éditons tout : les essais, les romans, des pièces de théâtre, la poésie, la littérature de jeunesse», a précisé Gérard Houessou. Le désordre humain conté à mon petit-fils critique sévèrement «l'ordre» qui écrase les plus faibles, ces migrants qui quittent la riche Afrique en quête de bonheur en Europe. «L'ordre n'a pas de visage, de territoire, de nationalité autres que la froide raideur de chiffres et de lettres à la même finalité : dissuader les éventuels parasites, les gêneurs et toutes sortes de trublions. Pour paraître : l'Ordre serein, l'Ordre omniscient, l'Ordre souverain…», a écrit Aïcha Bouabaci avant de raconter l'histoire à son petit-fils «Yazid». «Le sujet que je traite est d'une actualité dramatique, celle de la déportation des gens qui viennent d'ailleurs pour des raisons économiques ou politiques à cause de la guerre. Le roman raconte une histoire vraie vécue en Allemagne. Un pays rigide sur le plan du séjour des étrangers. La récente actualité nous a, par contre, montré que l'Allemagne est plus tolérante, solidaire, en acceptant d'accueillir les réfugiés syriens. Cela dit, l'humanité est présente partout», a souligné Aïcha Bouabaci, qui est également poète et nouvelliste.