Cette maladie, apparaissant chez l'enfant avant l'âge de 3 ans, est caractérisée par un isolement, une perturbation des interactions sociales, des troubles du langage, de la communication non verbale et des activités stéréotypées avec restriction des intérêts. Selon les chiffres du ministère de la Santé, 37 000 enfants souffrent d'autisme en Algérie. Leur nombre serait plus important, 80 000 d'après des spécialistes. En cause, nombre de familles ignorent, ou cachent, le handicap de leur enfant. Deuxième facteur mis en avant : l'absence de diagnostic médical, ce qui rend difficile la détection de ce désordre neurologique. Combien sont-ils dans la wilaya de Tizi Ouzou ? «Nous ne disposons d'aucune statistique», ont répondu à l'unanimité les participants à la journée scientifique consacrée à l'autisme et à sa prise en charge dans le milieu scolaire, organisée mardi à l'EHS Fernane Hanafi de Oued Aïssi. Seule certitude, les sujets atteints sont de plus en plus nombreux et le suivi thérapeutique reste à l'état embryonnaire. «C'est la méconnaissance de ces troubles qui fait leur gravité. Leur prise en charge passe par un diagnostic précoce. L'enfant peut suivre l'enseignement s'il est récupéré avant l'aggravation de son cas», a affirmé le Pr Abbès Ziri, psychiatre et directeur général du CHU de Tizi Ouzou. Le directeur de l'hôpital psychiatrique de Oued Aïssi, Lounès Bounous, a indiqué que 1400 enfants atteints de troubles psychiques, autistiques et autres sont suivis par le service de pédopsychiatrie de cet EHS. Ils viennent des communes de la wilaya de Tizi Ouzou et des régions voisines, Bouira, Boumerdès et Béjaïa. «La demande sur ce centre s'est multipliée. Le service prévention de la direction de la santé ne peut pas travailler seul. L'enfant autiste doit être dépisté avant l'âge de 3 ans. Quand il arrive à l'école à 6 ans, c'est déjà trop tard. Nos médecins, psychologues et psychiatres sont là pour accompagner les autistes et leur famille», dira le directeur. Evoquant la prise en charge de cette catégorie de malades dans les écoles de la wilaya de Tizi Ouzou, le représentant de la direction de l'éducation, Kamal Boukhalfi, a fait état de plusieurs insuffisances. «Beaucoup parmi les enfants signalés ne sont pas pris en charge, alors que le droit à l'enseignement est consacré par la loi. Nous avons quelques classes spéciales pour autistes, mais cela revient à des volontés personnelles. Les enseignants n'ont pas d'expérience. Ils ne sont pas formés pour la prise en charge des autistes. Aussi, ils manquent de manuels et de programmes spécialisés. Le secteur de la santé doit être intégré dans la prise en charge. Pour que l'autiste s'intègre dans la société, réussisse dans la vie, le travail doit être mené conjointement par les directions de l'action sociale (DAS), de la santé et de l'éducation».