Votre dernier ouvrage, L'Entente au cœur, a été bien accueilli par le public du Sila... D'abord, il faut souligner que cette année, le SILA a eu un grand succès, notamment sur le plan de l'affluence du public. L'engouement des jeunes pour la littérature est significatif et encourageant, surtout pour les auteurs qui, ces dernières années, souffraient de l'absence de lectorat. Cela augure d'un avenir prometteur pour le livre qui reste, à mon avis, l'instrument privilégié pour la diffusion de la culture, du savoir et des connaissances. Pour revenir à votre question, oui le public a réservé un bon accueil à L'Entente au cœur. Pour l'anecdote, le nombre d'ouvrages apportés par l'éditeur a été rapidement épuisé, il a fallu ramener un autre lot. Peut-on considérer cet ouvrage comme un outil pédagogique adressé aux acteurs de notre sport roi ? Non, je ne pense pas que l'ouvrage peut être considéré comme un outil pédagogique, dans le sens où je n'ai pas de leçons à donner. Pour ma part, je m'inscris dans un travail de mémoire comme cela a été le cas pour l'ensemble de mes livres : Talghouda, Le Fugitif, Kateb Yacine, L'Homme libre ou encore Aux Sources de Novembre. Pour ce qui est de L'Entente au cœur, l'ouvrage évoque, au-delà de l'histoire d'une équipe de football, l'histoire d'une époque et d'une ville, Sétif. Cela m'a permis également d'assumer un devoir de mémoire, pour la vérité historique, en mettant fin à l'équivoque qui existait autour des conditions de création de l'ESS, en 1958. En mettant en exergue l'accent sur la probité, l'amour des couleurs et le désintéressement de certains grands dirigeants, entraîneurs et joueurs de l'Entente de la belle époque, on a l'impression que Omar Chaalal transmet un message codé ? Là encore, la question ne se pose pas en termes de message. A travers cet ouvrage, je voulais tout simplement raconter aux jeunes supporters l'histoire fabuleuse de l'école sétifienne de football, issue des mythiques «qatsas» (les terrains vagues). Cette école qui a tant donné au football national et qui, malheureusement, est aujourd'hui banalisée et se réduit comme peau de chagrin. A l'ère d'un «professionnalisme» hybride, le championnat national ne sert qu'à désigner un «premier» et un «dernier». La meilleure illustration réside dans le fait que la sélection nationale est composée de joueurs issus de championnats étrangers. Que voulez-vous dire ou insinuer à travers le passage consacré au défunt Mokhtar Aribi délaissant sa santé pour que l'Entente retrouve le statut qui lui sied ? Je n'insinue rien, je dis clairement dans le texte qu'après la rétrogradation de l'équipe en D2, au cours de la saison 1987/88, Mokhtar a consacré toute son énergie pour la remettre à sa place en D1, comme il le répétait souvent. Cela lui a été fatal, car il avait négligé sa santé pour atteindre cet objectif. Un récit romancé sur les 30 premières années d'un club de football est-il différent d'un roman classique ? Non, absolument pas. L'écrit romanesque est un procédé de narration dynamique qui répond aux mêmes normes, quels que soient le thème ou le sujet traité. Pourquoi évoquer seulement la période 1958/1988, et en quoi ce trentenaire est historique ? D'abord, je tenais à rendre hommage à ce grand homme, qu'a été Mokhtar Aribi, lui qui avait si bien incarné cette période de la vie de l'Entente sétifienne. Ce trentenaire est historique tout simplement parce qu'un club évoluant en D2 a conquis, et c'est une première, un titre continental. C'était l'ESS en 1988. Cela est inscrit en lettres d'or dans les annales du football mondial. Par ailleurs, c'est durant ce laps de temps qu'une grande équipe de football est née et a grandi. Selon vous, pour quelles raisons le sport en général et le football en particulier n'attirent plus les écrivains algériens ? Là aussi, ce n'est pas tout à fait vrai, de nombreux auteurs algériens ont écrit sur le sport et précisément sur le football. Il existe même une maison d'édition spécialisée en ouvrages sur le sport et les grands sportifs, il s'agit d'El Bayazin de Hocine Seddiki. Peut-on avoir une idée sur vos projets futurs ? Terminer la deuxième partie de Talghouda et une biographie de Kateb Yacine.