Abdelkrim Khalfa reste un témoin privilégié de l'essor du sport en général et du football, en particulier à Sétif. A 60 ans, celui qui fût un grand attaquant, pur produit de l'école Grenat (USMS) et qui a ensuite fait les beaux jours de l'Entente (ESS), a participé, comme coach adjoint aux côtés de feu Mokhtar Arribi, au premier sacre continental de l'ESS en 1988 face à Iwanwanyou (Nigéria). A quelques jours du match retour ESS-Vita Club (RDC) pour le compte de la finale retour de la Ligue des champions, celui que les Sétifiens appellent affectueusement «Krimo» a accepté d'ouvrir le livre d'histoire de la glorieuse de 1988, non sans glisser quelques conseils en prévision de la seconde manche contre Vita Club, samedi prochain à Blida. Il y a 26 ans, l'ESS disputait sa première finale continentale face au champion du Nigeria. Abdelkrim Khalfa se souvient bien de ce double rendez-vous. «A l'époque (1988) se déplacer en Afrique n'était pas chose aisée. Pour préparer le match programmé à Ibadan (Nigeria) nous avons effectué un stage de 3 jours à Cotonou (Bénin) dans un centre pour handicapés dépourvu de moyens de récupération. Avec feu Mokhtar Arribi et le secrétaire, nous avions puisé dans le petit pécul qui nous avait été alloué pour acheter de la nourriture pour les joueurs. Ensuite, nous avons rallié Ibadan par route (350 km). Nous avons concédé une courte défaite (0-1) qui nous a permis de garder intactes nos chances pour le match retour. Pour retourner à Sétif nous avons effectué un périple harassant (Lagos-Milan-Alger-Sétif). Nous avons ensuite préparé le match retour à Constantine où nous avons été hébergés au Panoramic pendant 3 jours. La veille du match, Mokhtar Arribi était souffrant et a été conduit à l'hôpital où l'a soigné le professeur Yahia Guidoum avant de rejoindre le groupe. Le lendemain, la grande Entente n'a fait qu'une bouchée d'Iwanwayou étrillé (4-0) par une bande de jeunes joueurs pratiquement tous issus de l'école de football sétifienne à travers ses différents clubs. Cette finale restera à jamais dans les mémoires.» Que pense de la finale retour le «Cantona sétifien», ce pur produit de l'USMS, brillant athlète qui a touché avec bonheur à plusieurs disciplines où il a brillé (athlètisme, basket-ball, handball), il a même été sacré meilleur basketteur cadets d'Algérie, un bon élève aussi qui a fréquenté le Lycée Kerouani ? «Avant de parler du match retour, je peux saluer le parcours extraordinaire de l'Entente dans cette compétition et féliciter les joueurs et le staff pour cette magnifique performance. J'estime que concéder une seule défaite face au TP Mazembe, depuis le début de la compétition, est un authentique exploit réalisé dans des conditions pas du tout faciles. Maintenant, il faut rester concentrer sur le second match et ne pas trop tabler sur le résultat du match aller. Il reste encore un match à jouer et surtout à gagner. L'atout maître dans ce type de rendez-vous est, à mon sens, la concentration. Si les joueurs restent concentrés sur le match de samedi, ils remporteront le trophée. Mentalement, nos joueurs doivent être très forts. Ils sont capables de mettre des buts, comme ils l'ont prouvé tout au long de leur magnifique parcours. Le Vita Club n'a plus rien à perdre en foulant la pelouse de Blida. Le résultat obtenu à l'aller peut être un piège si un quelconque relâchement se produit au niveau de la concentration. J'estime que rien n'est encore joué. En football un match ne ressemble jamais à un autre. Je suis optimiste et souhaite de tout cœur que l'ES Sétif remporte la seconde manche.» C'est l'avis d'un (grand) connaisseur. Un aîné qui a déjà vécu de grands moments avec le club de sa ville.