Mohcine Belabbas rappelle que son parti avait déjà demandé l'application de l'article 88 de la Constitution en 2012 et 2013. «Mais ceux qui affirment aujourd'hui que le Président est pris en otage ont soutenu le quatrième mandat.» Le président du RCD, Mohcine Belabbas, qualifie la démarche des personnalités nationales ayant demandé audience au président Bouteflika de «manœuvre» et de «désertion dans les rangs du système». Intervenant à l'ouverture, hier à Alger, des travaux du campus des jeunes de son parti, le leader du RCD a rappelé le constat établi par l'opposition pour critiquer cette démarche. «L'opposition, qui a alerté depuis longtemps sur la vacance des trois pouvoirs — parce qu'il s'agit bel et bien de vacance des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire — et de l'accaparement de la décision par des cercles a-légaux, n'a tout de même pas été jusqu'à autoriser des interprétations courtisanes qui voudraient faire croire que le chef de l'Etat serait pris en otage», lance-t-il, faisant référence à la demande d'audience adressée par les 19 personnalités nationales au chef de l'Etat. Estimant que la «multiplication en cours des désertions dans les rangs du système» conforte l'opposition dans sa démarche, mais «renseigne en même temps et surtout sur les pratiques qui ont jusque-là prévalu dans son fonctionnement». «La manœuvre improvisée ces derniers temps s'inscrit en tous points de vue dans le cadre des soubresauts des luttes entre clans d'un même système», ajoute-t-il, soupçonnant la «police politique officieuse d'être à l'origine de cette démarche». Dans ce sens, Mohcine Belabbas rappelle que son parti avait déjà demandé l'application de l'article 88 de la Constitution en 2012 et 2013. «Mais ceux qui affirment aujourd'hui qu'il est pris en otage ont soutenu le quatrième mandat. A l'époque, nous étions contre la réélection de Bouteflika, parce qu'il est malade», ajoute-t-il. Selon lui, «les citoyens ont raison d'être de plus en plus inquiets de la régression générale dans la gestion des affaires de l'Etat et la pollution du climat politique». Ce faisant, le président du RCD estime que la solution à la crise actuelle «réside dans la proposition de l'opposition et dans le contenu de la plateforme de Mazafran». «Dans cette plateforme, nous avons proposé des solutions et nous avons appelé le régime à venir négocier avec tous les acteurs une sortie de crise. Notre appel s'adresse en premier lieu à Bouteflika qui est le premier responsable du pouvoir», soutient-il. S'exprimant sur les propositions faites par d'autres partis, Mohcine Belabbas estime que «la seule initiative proposée est celle de l'opposition. Le RND veut réunir à nouveau les partis qui sont déjà dans le gouvernement. Le FLN veut, de son côté, réunir tous les proches du pouvoir. Mais rien n'est clair pour le moment. Cela peut, avec le temps, être vis-à-vis de l'opposition», déclare-t-il. S'adressant aux 500 jeunes militants du parti ayant pris part à cette rencontre, Mohcine Belabbas les invite à ne pas sombrer dans la résignation : «Aujourd'hui aussi, il faut que vous soyez convaincus que seule la mobilisation de la jeunesse peut peser pour venir à bout d'un ordre politique désuet, qui est un danger pour la nation. C'est à eux de prendre leurs responsabilités pour relancer cet espoir et s'impliquer dans le combat pour sauver l'Algérie avant que le chaos s'installe.»