Mohcine Belabbas accuse le duo Khalida Toumi-Louisa Hanoune et leurs cosignataires d'être «managés» par le clan de l'ancien chef du DRS. L'allusion est à peine voilée… Le président du RCD, Mohcine Belabbas, estime que l'initiative des 19 personnes -desquelles se sont retirées quatre signataires- ayant demandé une rencontre avec le chef de l'Etat est une démarche qui s'inscrit dans le cadre de la «lutte des clans au sommet de l'Etat». Mieux, il estime qu'il s'agit d'une défection dans les rangs du système qui conforte les positions de l'opposition. «La manœuvre improvisée ces derniers temps s'inscrit à tout point de vue dans le cadre des soubresauts des luttes entre clans d'un même système», a soutenu le président du RCD, hier, à l'ouverture des travaux du campus des jeunes du parti à Zéralda (Alger). L'orateur est allé encore plus loin en affirmant que les signataires de la lettre sont tous managés par «la police politique officieuse qui semble réduite à fomenter des scénarios de déstabilisation en actionnant ce qui leur reste comme acteurs publics fidèles». L'allusion à l'ancien chef du DRS, le général Toufik, ne souffre d'aucune ambiguïté. Le président du RCD fait cette lecture au moment où les discussions dans les salons feutrés d'Alger n'hésitent pas à soupçonner la main de Toufik dans la démarche. M. Belabbas a précisé que la «police politique officieuse» fomente des scénarios de déstabilisation, pendant que «la police politique officielle déstructurée s'occupe à se redéployer pour la nouvelle feuille de route qui lui est assignée». Dans son analyse, le président du RCD fait un lien entre la lettre de demande d'audience à Bouteflika et la vacance du pouvoir. Il estime que l'initiative des «19» «conforte» l'opposition dans sa démarche et ses analyses mais, dit-il, «elle est plus violente que le constat de l'opposition». «L'opposition qui a alerté depuis longtemps sur la vacance des trois pouvoirs (…) et de l'accaparement de la décision par des cercles a-légaux, n'a tout de même pas été jusqu'à suggérer que le chef de l'Etat serait pris en otage ou plus grave encore qu'il aurait commis des actes de trahison», souligne Mohcine Belabbas, accusant les signataires de la lettre de vouloir «se recycler dans l'opposition en quittant un bateau soumis à d'incessantes vagues». L'ombre de Toufik Il rappelle que c'est depuis le 10 juin 2014, jour de la tenue de la conférence de Mazafran, que l'opposition structurée dans la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) demande à discuter avec le pouvoir à sa tête le chef de l'Etat pour négocier une sortie de crise en vue d'aboutir à la mise en œuvre d'une phase de transition. «Notre conviction est que seul un système démocratique peut permettre de garantir la stabilité du pays et la cohésion de la nation», affirme Mohcine Belabbas. Pour le président du RCD, le système a conduit le pays à une «impasse globale». «Elle (l'impasse) est politique, institutionnelle, économique et sociale. La panique et les discours contradictoires des officiels après la chute des cours des hydrocarbures renseignent plus que toute autre analyse sur l'indigence de la politique économique du pays depuis au moins une quinzaine d'années», a-t-il expliqué. Revenant sur le dernier message de Bouteflika où il a annoncé certaines dispositions de la prochaine Constitution, l'orateur a estimé que même si le message présidentiel «reprend quelques propositions contenues dans la plateforme de Mazafran, il reste très vague notamment quant aux prérogatives de la commission électorale qu'il dit vouloir constitutionnaliser». Le président du RCD craint que ces mesures soient «dévoyées voire remises en cause et reniées par leurs initiateurs dès que la pression retombe afin de prolonger le sursis du système». C'est pourquoi, il a appelé les jeunes à la mobilisation «pour venir à bout d'un ordre politique désuet et qui est un danger pour la nation et sauver l'Algérie avant que le chaos ne s'y installe».