Il est vrai que la décrépitude a fini par ronger toute la ville de Skikda mais la situation que vivent les habitants de la cité des 500 logements est vraiment des plus «inhumaines». A se demander même si celles et ceux qui y habitent ne soient devenus une quantité vraiment négligeable aux yeux des élus et des responsables locaux. Dès qu'on s'immisce dans cette cité cloitrée, on est vite accueilli par un immense caniveau, non couvert et emplis d'eaux usées et de détruits. On est aussi contraint à humer cette odeur répugnante qui se dégage de ces eaux qui ruissèlent un peu partout. Les habitants expliquent cette situation par la présence d'une Chaâba qui passe par la cité pour la couper en deux. Avant- expliquent-ils- cette chaâba collectait essentiellement les eaux pluviales du plateau de Msiouene, en amont de leur cité. Seulement depuis la réalisation d'un programme de logements sur le mont Msiouène, toutes les eaux usées des nouvelles habitations, tout comme celles d'un grand bidonville mitoyen, se déversent désormais dans cette chaâba. «Mais il y a pire», estime un des habitants. Il explique «chacun sait que des personnes s'adonnent à l'abattage clandestin d'animaux sur les hauteurs de notre cité. Tous les restes organiques sont rejetés dans cette même chaâba et viennent encore se rajouter au cocktail infecte qui se déverse au bas de nos logements». Le constat est plus ahurissant encore, même le caniveau des eaux usées qui passent au cœur même des lieux est couvert d'une manière qui s'apparente plutôt au bricolage. Depuis, chaque hiver, les eaux pluviales et autres usées se mélangent et débordent pour inonder toute la cité. «Il y a seulement un mois, il a fallu qu'il pleuve pour que la cité soit carrément engloutie. Le chef de Daïra et le maire sont venus voir la situation avec quelques promesses. Sans plus. Nous craignons vraiment le pire cet hiver» témoignent des jeunes du quartier. Et dire que ce n'était pas là la première visite des responsables à ces lieux maudits comme le rapportent ces mêmes jeunes «l'hiver dernier, de graves inondations ont concerné notre cité. Le wali en personne s'était déplacé pour voir notre état. Il nous a même assuré que notre cité allait connaître une nette amélioration surtout au sujet de ces eaux infectes. On attend !» La proximité quotidienne avec les eaux usées n'est pas l'unique tare dans ces lieux. Même les routes internes sont dans un état déplorable et le semblant d'espaces verts qu'on s'est efforcé d'aménager, il y a quelques années, n'a jamais connu le moindre entretien. Ici gisent des amas de détritus poussiéreux et là, les squelettes corrodés de quelques balançoires, quelques toboggans et quelques bancs publics. Des ruines d'un autre temps qui témoignent de la décadence d'une des plus anciennes cité de Skikda.