Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a appelé, hier, l'armée à assumer ses responsabilités et à s'impliquer dans la résolution de la grave crise que traverse actuellement le pays, estimant que l'institution militaire détient une grande part de responsabilité dans cette situation du fait que c'est elle qui a ramené le Président en poste. "Devant l'effondrement des institutions, l'armée reste le dernier recours pour la résolution de la grave crise que traverse le pays. C'est elle qui a ramené le Président et c'est à elle de résoudre le problème qu'elle a créé", a estimé M. Djilali lors de la conférence de presse qu'il a animée hier au siège de son parti à Zéralda. Le président de Jil Jadid, qui s'est défendu "de lancer là un appel à un coup d'Etat", a, toutefois, insisté sur le rôle de l'armée dans le maintien de Bouteflika au pouvoir depuis 1999. "C'est l'armée qui l'a ramené et c'est elle qui a décidé de le maintenir au pouvoir. Aujourd'hui, elle doit rendre la souveraineté au peuple", a martelé M. Djilali qui a lancé un autre appel, en direction des ministres cette fois-ci, afin, dit-il, qu'ils arrêtent "de jouer la comédie" et pour qu'ils disent la vérité sur la situation du pays et la paralysie des institutions. Pour le président de Jil Jadid qui dénonce "l'esprit d'escroquerie", même le Conseil des ministres ne se tient plus à la présidence de la République, mais à la résidence présidentielle de Zéralda "où le même décor a été recréé pour tromper l'opinion". De ce fait, selon M. Djilali, "ce n'est plus seulement le président de la République qui est pris en otage, mais aussi l'institution elle-même, c'est-à-dire la présidence de la République". "Tout se fait avec le consentement de Bouteflika. Des gens gèrent le pays à leur convenance. Pourquoi Ouyahia s'exprime en tant que secrétaire général du RND et jamais en tant que directeur de cabinet de la présidence de la République ?", s'interroge-t-il. Ce qui a amené l'orateur à exhorter le Conseil constitutionnel à proclamer la vacance du pouvoir afin de mettre fin à l'impasse actuelle "pour aller vers l'Etat de droit". "Bouteflika est un président artificiel. Il a été fait roi par les faiseurs de rois. Ceux-ci sont partis, il faut qu'il parte avec eux", assène M. Djilali. Interrogé sur l'initiative du "Groupe des 19-4", M. Djilali a annoncé que son parti proposera prochainement aux autres membres de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), d'inviter un ou plusieurs signataires de la lettre adressée au président de la République à la prochaine réunion de l'instance afin, dit-il, de "nous en dire plus sur la démarche". Jil Jadid ne voit donc pas d'un mauvais œil l'initiative de ce groupe de personnalités même si, concède son président, "je ne partage pas leur parcours ou leurs positions". Pour M. Djilali, le fait que l'initiative vienne de gens qui étaient proches du Président ou qui le sont toujours "donne du crédit à la démarche". "On ne peut pas juger les gens sur leurs positions antérieures. Des gens comme Bouregaâ est une personnalité nationale qui a eu un parcours respectable. Le fait de l'écouter, lui et pourquoi pas d'autres signataires, permettra de clarifier la situation du pays", plaide M. Djilali. Le président de Jil Jadid a, enfin, exprimé l'opposition de son parti à la révision constitutionnelle envisagée, vu, explique-t-il, "la santé de Bouteflika et la vacance du pouvoir". H. S.