Le Parlement tchadien a adopté mercredi une résolution prolongeant l'état d'urgence de quatre mois dans la région du lac Tchad, régulièrement ciblée par des attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram. Avec cette résolution, adoptée à l'unanimité des 147 votants, l'état d'urgence est maintenu jusqu'au 22 mars 2016. Le gouvernement tchadien avait décrété le 9 novembre l'état d'urgence dans cette région, au lendemain d'un attentat perpétré par deux femmes kamikazes ayant fait deux morts et 14 blessés dans la localité tchadienne de Ngouboua. La déclaration de l'état d'urgence donne, entre autres, le pouvoir au gouverneur de la région d'interdire la circulation des personnes et des véhicules dans les lieux et selon les horaires qu'il aura fixés, ainsi que «d'ordonner la perquisition des domiciles de jour et de nuit sous l'autorité du procureur de la République et de récupérer des armes», selon le gouvernement. Mercredi, le département d'Etat américain a condamné les «horribles attentats» qui ont frappé deux villes au nord du Nigeria et tué des dizaines de personnes. Bombe «Nous dénonçons les horribles actes terroristes qui ont eu lieu de manière répétée au Nigeria et dans les autres pays du bassin du lac Tchad, et présentons nos condoléances aux victimes et à leurs familles», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, John Kirby, lors de son point de presse quotidien, mercredi. La ville de Kano, dans le nord du Nigeria, a été secoué mercredi par un double attentat à la bombe sur un marché, faisant 15 morts et plus de 50 blessées. Deux jeunes filles âgées d'environ 11 et 18 ans se sont faites exploser, l'une à l'intérieur du marché spécialisé dans les téléphones portables, l'autre à l'extérieur, a expliqué le porte-parole de la police de Kano, Musa Magaji Majia. En juillet 2014, Kano avait été touchée quatre fois en une semaine par des attentats-suicide menés par des jeunes femmes. Mosquée Mardi à Yola, dans le nord-est du Nigeria, un attentat a fait 30 morts. L'explosion s'est produite à 20h20 dans le quartier de Jambutu, quelques jours après que le président du pays a assuré que Boko Haram était sur le point d'être vaincu. «L'explosion s'est produite au milieu de la foule», selon Aliyu Maikano, un responsable de la Croix-Rouge à Yola. Un habitant, qui a demandé à ne pas être nommé, a indiqué que l'explosion était survenue peu après la prière du soir, alors que les gens quittaient la mosquée. Les soupçons se portent sur le groupe islamiste Boko Haram, qui a déjà attaqué Yola avec des attentats-suicide et des engins explosifs artisanaux ces derniers mois. Vendredi, le président Muhammadu Buhari s'est rendu à Yola pour décorer des soldats et visiter un camp de personnes déplacées. Depuis des mois, Boko Haram, rallié à l'Etat islamique (EI), multiplie également les attaques et les attentats-suicide sur les villages tchadiens du lac, situés à quelques kilomètres de la frontière avec le Nigeria. kamikazes Le 1er novembre, onze civils avaient été blessés dans cette région dans un attentant-suicide attribué par le gouvernement à Boko Haram. L'attaque la plus meurtrière sur les rives tchadiennes du lac s'est produite le 10 octobre : un triple attentat à l'explosif commis par des kamikazes à la sous-préfecture de Baga Sola, s'était soldé par 41 morts et 48 blessés, selon le gouvernement tchadien. Selon un rapport des Nations unies publié cette semaine, la guerre contre Boko Haram a causé la mort d'environ 18 000 personnes dans la zone du lac Tchad, le déplacement de 2,6 millions de personnes et la destruction ou la fermeture de près de 1100 écoles dans la région de l'extrême-nord du Cameroun. « Face aux exactions de la secte nigériane, les autorités camerounaises ont été contraintes de fermer plusieurs écoles situées dans les localités frontalières du Nigeria», a déclaré un responsable camerounais.