Le leader du RND, Ahmed Ouyahia, regrette vigoureusement la persistance de la crise en Kabylie. Il l'a fait savoir, en effet, hier, à l'occasion de la conférence de presse qu'il a animée à l'hôtel Azur-Plage (Zéralda), à l'issue de l'installation, la veille, de la Commission nationale de préparation du congrès du Rassemblement national démocratique (RND). M. Ouyahia assène d'entrée que si “les autorités appellent au dialogue” avec la Kabylie, ces mêmes autorités “managent mal la promotion du dialogue”. Plus précis, le patron du RND et non moins ministre d'Etat dira : “Du côté des autorités, il y a une panne d'imagination et de synchronisation dans la démarche.” Clair, le patron du RND fait sans nul doute allusion à la contradiction entre les multiples initiatives de dialogue menées par le Chef du gouvernement et la répression de la police de Zerhouni qui n'a d'autres référants que le Président Bouteflika, sur le terrain. Le conférencier, qui constate dans ce cadre que “nous sommes vraiment tous coincés dans cette situation qui dure depuis pratiquement deux années”, s'interroge sur les visées de la prolongation de la crise. “A qui profite-t-elle ?”, clame-t-il. Le dénouement de la crise en Kabylie, estime Ouyahia, relève du “défi”, eu égard à la situation prévalant dans cette région. “Si nous arrivons, souligne-t-il, dans la dignité à relever le défi, à parler et à dialoguer, ça sera l'Algérie qui aura triomphé.” A ce propos, Ouyahia, qui relance l'appel au dialogue, recommande à ce que les archs et les autorités “fassent des efforts” pour sa réussite. A cet égard, le secrétaire général du Rassemblement dira : “Je saisis cette occasion pour dire à nos frères des archs de venir dialoguer et s'ils trouvent que le pouvoir a de mauvaises intentions, ils gagneraient en crédibilité et en audience.” Et ce, tout en saluant les positions du mouvement citoyen et notamment de Ali Gherbi quant à la question de l'autonomie de la Kabylie. Aussi, le conférencier souhaite un règlement urgent de la crise en Kabylie. “J'espère, souligne-t-il, que nous n'allons pas attendre 2004 pour faire preuve de génie et de savoir-faire et dépasser cette situation qui, au-delà de la présidentielle, nous intéresse, nous les politiques.” “Nos compatriotes qui sont à Bouadnane, à Tigzirt, à Akbou ou à Béjaïa n'ont pas que la présidentielle à faire. Ils veulent voir l'activité économique reprendre et vivre normalement.” Sur un un autre chapitre et s'exprimant sur la question de la présidentielle 2004, le patron du RND souligne sur un ton des plus solennel : “Nous aurons notre mot à dire.” Il dénoncera toutefois l'anticipation dans le débat autour de la présidentielle 2004 arguant que cela “ne relève pas de la prise en charge des intérêts des Algériens” et que cela peut “perturber” la scène politique nationale. D'ailleurs, expliquera-t-il, la présidentielle ne figure pas parmi les “préoccupations du congrès du RND” qui interviendra dans le courant du deuxième trimestre 2003. Cette question sera en outre prise en charge à l'occasion du conseil national que tiendra le parti après le congrès. S'exprimant, par ailleurs, sur les dernières déclarations du général de corps d'armée, Mohamed Lamari, à l'hebdomadaire français Le Point, sur l'acceptation de l'institution militaire du futur Président algérien même s'il est islamiste, Ouyahia déclare ne pas être “étonné ou choqué”. Et pour cause, “à chacun de faire ce qui lui revient : l'institution militaire de la République se bat pour que ceux qui menacent la République par les armes soient écrasés et à ceux qui font de la politique de se battre pour sauver la République face à ceux qui la menacent politiquement”. Ouyahia, qui rappelle que la démarche de son parti est de s'inscrire dans la perspective d'un projet de société républicain et résolument démocratique, souligne que le regroupement des forces démocratiques autour d'initiatives communes devrait se faire avant tout “sur le terrain”. N. M.