Egal à lui-même, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a une nouvelle fois plaidé, hier, pour une optimisation des ressources et une gestion empreinte de vigilance des dépenses budgétaires. Le ministre a reconnu, hier, lors de la présentation du projet de loi de finances 2016, l'existence de risques à moyen et long termes sur les équilibres budgétaires. L'inquiétude est d'ailleurs motivée par les prévisions d'indicateurs macroéconomiques qui devraient se dégrader en globalité durant l'année 2016. C'est ainsi qu'en évoquant le cadrage macroéconomique de la LF 2016, le ministre des Finances parle de la baisse des revenus issus de l'exportation d'hydrocarbures. Ces derniers devraient ainsi s'établir à 26,4 milliards de dollars en 2016, contre une prévision de clôture de 33,8 milliards de dollars en 2015. Cela ne sera sans doute pas sans impact sur le niveau des réserves. A ce propos, le premier argentier du pays évoque le niveau des réserves de change qui risquent de passer de 151 milliards de dollars en 2015 à 121 milliards à fin 2016. Un niveau qui représente 23 mois d'importations. Des chiffres inquiétants certes, mais qui ne semblent pas entamer pour autant l'optimisme du ministre des Finances, qui estime que ce niveau peut sembler minime au regard de ce qu'on s'est habitués à avoir, mais qui est plus important que ce dont disposent de nombreux pays. «Encore faut-il préserver ces réserves et ne pas alimenter les importations», a encore indiqué M. Benkhalfa. Des arguments qui justifient d'ailleurs toute la démarche gouvernementale en termes de contrôle des flux commerciaux et qui a pour finalité, selon les propos du ministre, de favoriser la production nationale face aux produits et services étrangers. Il est également certain que la situation actuelle du marché aura un impact sur le budget de l'Etat, qui sera marqué par un creusement du déficit. Selon les chiffres présentés par le premier argentier du pays, le gouvernement table sur un déficit budgétaire de 12%. Le FRR perdra la moitié de ses fonds en 2016 Si le ministre des Finances explique que le prix de référence du pétrole a été maintenu à 37 dollars pour une prévision moyenne des cours à 45 dollars en 2016, il ne s'attarde pas sur l'impact de la situation actuelle sur les dotations du Fonds de régulation des recettes (FRR)qui, rappelons-le, participe en grande partie à éponger le déficit budgétaire. Il n'en demeure pas moins que la commission des finances et du budget de l'APN a précisé que l'épargne cumulée au sein du FRR devrait passer de 3081,9 milliards de dinars à fin 2015 à 1797,4 milliards de dinars en 2016, perdant ainsi près de la moitié de ses dotations. Le ministre des Finances souligne la politique de rationalisation budgétaire entreprise par le gouvernement pour faire face à la situation. Insistant sur le fait que «la politique actuelle relève de l'orthodoxie financière et non pas de la restriction budgétaire», M. Benkhalfa a expliqué que la finalité est l'optimisation des ressources et la rationalisation budgétaire sans pour autant gripper le moteur de l'économie. Il insiste ainsi sur le maintien de la commande publique dont dépend l'activité de dizaines d'entreprises algériennes et l'emploi de milliers de travailleurs. Il explique aussi que la réduction des dépenses «sera sélective», la priorité étant donnée aux activités stratégiques et aux secteurs à portée sociale comme l'éducation, l'enseignement supérieur, la santé et l'habitat. Enfin, le ministre ponctue sur le maintien des subventions, qu'elles soient directes ou indirectes, et des transferts sociaux. Selon le rapport de la commission des finances, le montant des transferts sociaux budgétisés a atteint 1840,5 milliards de dinars dans le cadre du PLF 2016, en hausse de 7,5% par rapport à la LFC 2015. De même qu'il estime le montant des subventions indirectes à 2560 milliards de dinars, dont plus la moitié au profit de l'énergie et à Sonelgaz. Globalement, les subventions budgétisées et implicites représentent 26,4% du PIB.