La loi de finances complémentaire pour 2015 a été débattue hier, mercredi, en Conseil des ministres, sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika. De nombreux points sont inscrits à l'ordre du jour de cette réunion, dont la loi de finances complémentaire pour 2015, et les préparatifs de la prochaine rentrée sociale. Plusieurs pays en cette conjoncture politique comptent en cette étape particulière orienter leurs IDE vers l'Iran qui ne fait plus, depuis quelques jours l'objet d'étranglement de son économie. Avec la levée de l'embargo décrété par les Etats-Unis, les investisseurs à partir du mois de décembre prochain, comptent diriger leurs investissements vers l'Iran, ce qui présage qu'avec une offre des produits pétroliers, et gaziers iraniens, sur un marché déjà inondé, une nouvelle dégringolade des prix. Dans un tel contexte, l'équilibre budgétaire sera difficilement réalisable avec des recettes qui vont chuter de plus de la moitié des exercices précédents. La tâche sera d'autant plus délicate face à une érosion des ressources du pays, et surtout des dépenses importantes dont certaines ne pourront pas être réduites au vu des chantiers lancés, et ceux programmés dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019, comme le soutient mordicus le gouvernement, sans déterminer toutefois, où il espère en dehors du Fonds de régulation des recettes pomper l'argent des déficits. Les décisions qui seront prises durant le Conseil des ministres d'aujourd'hui seront déterminantes pour le pays et son paysage macroéconomique. Le membres du gouvernement et la Banque d'Algérie reconnaissent que malgré les réajustements prévus dans le projet de loi qui sera discuté aujourd'hui, «le pays risque de se retrouver dans une situation difficile au vu des chiffres effarants de contraction des recettes d'exportations qui baisseront de moitié à 38 milliards de dollars, selon les prévisions du ministère des Finances, et celles des réserves de change qui perdront encore 10 milliards de dollars pour s'établir au mieux à 151 milliards de dollars, ou encore la contraction du solde du Fonds de régulation des recettes (FRR) dont les disponibilités seront à peine de 2 700 milliards de dinars à la fin de l'année. Selon le projet de loi de la LFC 2015, «la détérioration des cours du pétrole, dont le niveau rend problématique le maintien du niveau actuel de la dépense publique qui s'est accrue en moyenne au cours des trois dernières années de 12%, alors que les recettes ordinaires sur la même période se sont accrues de 10% ne couvrant que 51% des dépenses de fonctionnement». Une situation qui, selon les observations du ministère des Finances, «influe négativement sur les équilibres internes et externes de l'Algérie dans la mesure où l'expansion des dépenses budgétaires au cours des dernières années a conduit à des déficits du Trésor qui pourraient être qualifiés de structurels». La situation du financement de notre économie en rapport avec la demande interne en expansion deviendrait à court terme «insoutenable et les conséquences seraient difficilement maîtrisables dès l'année en cours», estime-t-on encore dans le texte qu'étudiera le Conseil des ministres. Tous les experts tirent la sonnette d'alarme. Le FMI a déjà prévenu les autorités algériennes plusieurs fois, sur les successifs déficits de la balance commerciale, ainsi que sur le recul des échanges commerciaux mondiaux qui sont dominés par les effets réactifs de la récession économique, et de la chute des prix des hydrocarbures dans bon nombre de pays, autrefois prospères. Sans évoquer un plan d'austérité drastique, Abderahmane Benkhalfa, ministre des Finances préconise, rappelons-le dans le cadre de la LFC 2015, des mesures de «rigueur», sans pour autant remettre en cause les subventions des produits de large consommation, ce qui serait de notre humble avis une erreur, étant donné que les subventions des produits en question ne profitent qu'à l'enrichissement des commerçants. Le ministre des Finances a l'intention de lutter contre le gaspillage, sous toutes ses formes. Dans une de ses déclarations à la radio algérienne, l'argentier du pays dira que : «Nous avons besoin d'une rationalité des acteurs économique, et nous voulons que les 40 millions d'Algériens ne gaspillent pas, et ne participent pas à la contrebande». Le ministre table sur le boomerang compensatoire relatif aux nombreux investissements publics, en direction des opérateurs économiques qui prospèrent aujourd'hui grâce à des aides financières, d'exonérations, et de dispositions fiscales particulières, depuis plus de 10 ans. L'ascenseur reviendra-t-il ? Le temps le dira.