Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a présenté, hier, devant les membres de la septième législature les grandes lignes du projet de loi de Finances 2016 (PLF), très attendue par les députés tout comme l'opinion publique dans cette conjoncture économique «difficile». M. Benkhalfa qui a fourni une série d'indicateurs économiques, a tenté de défendre la vision économique du gouvernement en misant sur la rigueur, la fermeté, la rationalisation des dépenses publiques et la lutte contre le gaspillage. Il rassure aussi l'opinion publique quant au maintien de la politique sociale et le même niveau des transferts sociaux. Selon le ministre, le projet de loi s'appuiera sur quatre éléments indispensables, à savoir la maîtrise de la dépense publique, le non retour à l'endettement extérieur à des niveaux importants, le maintien des équilibres budgétaires, et l'amélioration de la qualité de la croissance. Le cadrage macroéconomique présenté par M. Benkhalfa renseigne, néanmoins, sur les risques qui guettent les équilibres financiers du pays. Il fera savoir, dans ce sens, que les prévisions du projet de loi font ressortir des réserves de change qui se stabiliseront à 121 milliards de dollars à fin 2016 contre 151 milliards d'ici la fin de l'année. Sur ce point, l'argentier du pays ne manquera pas de répondre à ceux qui jugent que ce niveau est alarmant en affirmant que bien qu'elles soient en baisse, les réserves de change permettront d'assurer 23 mois d'importation contrairement à d'autres pays qui ne dispose que de quelques mois. Dans son exposé, le ministre indique en outre que le déficit de la balance commerciale atteindra, lui, quelque 26 milliards de dollars, au même niveau que les recettes de la fiscalité pétrolière estimées aussi à 26,4 milliards, en baisse de 7 milliards de dollars par rapport aux prévisions de la loi de Finances complémentaires LFC 2015. Le déficit du budget est estimé, selon le ministre, à 11% du PIB. Un chiffre qui sera comblé, précise-t-il, par le recours au Fonds de régulation des recettes dont les recettes à fin 2016 seraient de 1 797 milliards de dinars contre 3 081 milliards de dinars à fin 2015. Le FRR permettra ainsi de combler le déficit budgétaire à hauteur d'un montant de 1 803 milliards de dinars. Ce cadrage macroéconomique fragile aux yeux du ministre impose d'ailleurs au gouvernement de mettre en place prochainement des mesures prudentielles et de soutenir l'investissement, principale source des recettes fiscales ordinaires. Ces dernières devraient d'ailleurs représenter, selon les chiffres du ministre, quelque 3 000 milliards de dinars, contre seulement 1 700 milliards de dinars pour les recettes de la fiscalité pétrolières. Selon les explications du ministre, ces chiffres montrent que les recettes fiscales ordinaires représentent presque la moitié des recettes pétrolières. Ce qui traduit une amélioration dans la collecte des impôts et qui devrait se poursuivre dans les années à venir. Evoquant le volet rationalisation des dépenses, Benkhalfa assure que les secteurs sensibles seront épargnés citant, entre autres, l'éducation, la santé et l'habitat. Les choix budgétaires du gouvernement seront sélectifs, tient-il à préciser, affirmant qu'il n'y aura pas de «restrictions budgétaires». Quant à la question de la hausse des prix des produits énergétiques, le ministre a expliqué que cette démarche qui concernera notamment les carburants, l'électricité et le gaz vise notamment à rééquilibrer les prix et les coûts de production et d'importation, lutter contre le gaspillage et maintenir un niveau de subvention ciblée. À titre d'exemple, il dira que pour l'électricité la nouvelle tarification ne touchera pas 2 millions de foyers. Idem pour le carburant dont les nouveaux prix épargneront certaines activités de production dont l'agriculture et la pêche. La commission des Finances de l'APN qui a étudié le projet depuis plusieurs semaines a proposé l'abrogation d'une dizaine d'articles du texte, une série d'amendement outre l'introduction d'un nouvel article. Le débat autour du projet de loi devra se poursuivre jusqu'à demain mardi. De nombreux députés n'ont pas hésité d'ailleurs à tirer à boulets rouges sur le gouvernement, critiquant de nombreuses dispositions contenues dans le texte de loi. S. B.