La COP21, qui doit adopter le premier accord universel sur la lutte contre le changement climatique — dans le but de limiter le réchauffement de la planète à 2°C, voire 1,5°C d'ici la fin du XXIe siècle —, s'est ouverte officiellement hier au Bourget, à Paris. «Sur vos épaules repose l'espoir de toute l'humanité. Ce qui est en cause, c'est la paix», a déclaré le président Hollande, hôte de la conférence, aux 150 chefs d'Etat et de gouvernement présents. La communauté internationale s'est accordée à la conférence de Copenhague en 2009 pour limiter à 2°C la hausse de la température mondiale, afin de prévenir ses impacts dévastateurs. Mais pour de nombreux pays, un tel réchauffement est déjà trop élevé. 43 Etats vulnérables ont, mi-novembre à Manille, appelé la Conférence climat de l'ONU à s'entendre sur un seuil de 1,5°C par rapport au niveau d'avant la révolution industrielle. La «rambarde de sécurité» serait plutôt «un seuil à 1,5°C», relevait un document de l'ONU diffusé en juin dernier, pour qui les 2°C devraient être vus comme une «ligne de défense», «une limite maximale à protéger à tout prix». «Contenir le réchauffement sous 2°C reste faisable, mais pose de grands défis, technologiques, économiques et institutionnels», soutient l'ONU. Pour ce faire, 100 milliards de dollars par an doivent être dégagés. «Nous sommes au pied du mur. Ce mur est fait de l'addition de nos égoïsmes, de nos appréhensions, de nos résignations», a déclaré François Hollande à l'ouverture de la COP21, hier matin. Et d'ajouter que «cet accord (qui sera conclu le 11 décembre à l'issue de la conférence, ndlr) doit nous mettre sur une trajectoire qui évite le réchauffement de plus de 2°C de la planète d'ici à la fin du siècle. Aussi, il est indispensable que soient révisés périodiquement les engagements des pays. Enfin, nous devons dégager des financements abondants pour permettre des investissements dans les pays les plus vulnérables au changement climatique». Dans leurs déclarations, les chefs d'Etat et de gouvernement, dont Abdelmalek Sellal, ont exprimé leur détermination et décliné leurs engagements nationaux. «Les Etats-Unis reconnaissent leur rôle dans la genèse du problème» du réchauffement climatique et «assument leur responsabilité pour le régler», a déclaré Barack Obama. «Nous sommes en mesure de changer l'avenir ici et maintenant, mais ce ne sera possible que si nous sommes à la hauteur des enjeux», a-t-il ajouté en plénière et «nous sommes décidés à sauver la planète. Garantissons un accord avec un niveau d'ambition élevé». Plus tôt, après un entretien avec le président chinois Xi Jinping : «En tant que dirigeants des deux plus grandes économies de la planète et des deux plus gros émetteurs de dioxyde de carbone, nous avons tous deux estimé qu'il était de notre responsabilité de prendre des mesures.» Les Etats-Unis se sont engagés sur une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025, par rapport à 2005. Toutefois, le président américain refuse que l'accord soit contraignant, de crainte qu'il ne soit pas validé par le Congrès, c'est pourquoi François Hollande en appelle à un «accord universel», «contraignant» et «différencié». Le président russe, Vladimir Poutine, s'est prononcé, pour sa part, pour un accord «contraignant, mais qui n'empêche pas le développement des économies», un accord «équitable» et «équilibré». «Justice climatique» Les dirigeants des pays émergents et des pays en développement ont toutefois réclamé une «justice climatique», autrement dit que leurs efforts doivent être soutenus par un transfert des technologies et financièrement de la part des pays développés qui ont déjà fait leur révolution industrielle. Il faut que les pays industrialisés tiennent leurs engagements et financent la transition énergétique, a souligné le président chinois. Bill Gates et d'autres milliardaires mondiaux ont promis de participer au financement de la lutte contre le réchauffement climatique. «Soyons clairs, le sort de l'accord de Paris est entre vos mains (...). Vous ne pouvez pas vous permettre d'être indécis, de prendre des demi-mesures (...). L'histoire vous interpelle, je vous exhorte à répondre avec courage et vision», a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Tandis que Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français, a estimé que le succès n'était «pas encore acquis», mais qu'il est «à notre portée», à l'ouverture à Paris de la conférence sur le climat qu'il préside pendant deux semaines. Après les déclarations, commencent les négociations qui s'annoncent ardues. Les représentants des 195 pays ont jusqu'au 11 décembre pour sceller cet accord et montrer qu'ils sont à la hauteur des enjeux. En attendant, une cinquantaine de points essentiels doivent encore être tranchés pour aboutir à cet accord.