Depuis quelques semaines s'observe une sensible dégradation des prix du pétrole sur le marché international. Certains experts se risquent à prédire un retournement assez spectaculaire du marché dans les mois qui viennent, mettant particulièrement en avant l'abondance du pétrole et les efforts des pays consommateurs visant à reduire sensiblement leur dependance. S'il n'y a pas de catastrophe annoncée, il y a néanmoins des éléments d'inquiétude pour les pays producteurs, dont l'Algérie, pays toujours confronté à l'éternel questionnement : comment sortir de la dépendance quasi totale à l'égard des hydrocarbures, exportés essentiellement à l'état brut ? La dépendance a été accrue ces dernières années autant par les gros programmes d'investissements publics que par l'explosion de la consommation. Des sommes énormes en devises sont soit rapatriées par les sociétes étrangères engagées dans le pays soit dépensées par des milliers d'importateurs de biens et services. Une partie va dans les circuits traditionnels de la corruption, du vol, du gaspillage, du train de vie excessif de l'Etat et des mauvaix choix d'investissement, etc. Le choc a été, jusque-là, amorti par l'importance du matelas disponible au Trésor public mais celui-ci est en train de se réduire. Il risque cette fois-ci de disparaitre s'il n'est pas alimenté, à la cadence actuelle, par les dollars du pétrole, ce qui n'est pas évident compte tenu du retournement du marché. L'Algérie risque donc de revenir à la case départ, celle des années 1990, temps des vaches maigres, avec en prime une situation sociale des plus explosives. Elle ne dispose plus que d'un court laps de temps pour tirer profit du pétrole rare et cher avant que ce dernier ne redevienne qu'une matière première déclassée, au même titre que le charbon, le caoutchouc ou le coton. Au dernier colloque El Watan sur “Que faire de l'argent du pétrole ?“, il a été mis en avant l'urgence de construire un tissu industriel à même d'assurer croissance et emploi, notamment au niveau de la petite et moyenne entreprises. L'industrie, c'est ce qu'a perdu l' Algérie en ne sachant pas fructifier le potentiel mis en place durant la décennie 1970. C'est par l'industrialisation que la Chine, l'Inde, la Turquie, le Brésil et d'autres nations ont réussi à sortir la tête de l'eau et même s'imposer devant les grands pays industrialisés de l'hémisphère Nord. Il n'est pas trop tard pour l'Algérie de leur ressembler mais à condition que la bonne gouvernance soit au rendez-vous et que les dirigeants fassent les bons choix politico-économiques et soient à l'écoute de leur pays.