Par Mohamed Latrech Le monde plonge dans la récession, quel spectaculaire retournement du marché auquel on assiste. Avant même la décision de l'Opep de revoir à la baisse ses perspectives de demande mondiale, les cours du pétrole chutaient, suscitant du coup l'affolement sur tous les marchés, 53,11 dollars pour le Brent de la mer du Nord et, 55,70 dollars pour le "light sweet crude". Le prix du baril de pétrole perd ainsi plus de la moitié de sa valeur record de 147,50 dollars. Selon les analystes, cela revient principalement à trois grandes raisons: la cherté du prix du pétrole, le ralentissement économique mondial, et les bulles spéculatives à l'origine de la crise financière et de la vague de récession qui touche actuellement une bonne partie de la planète. Cette situation engendré du coup un retrait massif des acteurs spéculatifs. La menace est d'autant plus présente qu'elle a poussé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à riposter avant sa réunion extraordinaire prévue le 17 décembre à Oran. L'Algérie, d'ordinaire favorable à une politique de défense des prix, pourrait cette fois s'opposer à l'annonce d'une réduction de la production le 29 novembre au Caire pour compenser les effets du ralentissement économique. Par ailleurs, prédisent des observateurs, une telle décision pourrait éclipser l'intérêt de la réunion qu'elle hébergera à Oran deux semaines plus tard (le 17 décembre). D'ici là, le secrétariat de l'organisation a été chargé de suivre de près le marché et déterminer avec exactitude quelle sera la demande mondiale de pétrole réelle à partir du mois de janvier 2009. Ce qui est sûr c'est que le surplus qui existe déjà sur le marché devrait être enlevé ces dernières semaines. Car des prix de pétrole trop bas bloqueraient les investissements et créeraient d'éventuelles situations de pénurie qui pourraient propulser les prix vers des seuils plus élevés. Le marché du pétrole devrait, selon les analystes, rester tendu dans les années à venir, mais une certaine modération des prix n'est pas impossible avec le ralentissement de l'économie mondiale et le tassement éventuel de la demande de pétrole, alors qu'une offre nouvelle de pétrole non Opep (temporairement contenue en raison du retard des projets) devrait arriver tôt ou tard sur le marché. En outre, plusieurs pays Opep effectuent d'importants investissements qui pourraient accroître sensiblement les capacités dans les années à venir. Reste à savoir si ces projets se transformeront en production ou si des investissements supplémentaires seront effectués, augmente les incertitudes qui planent sur l'offre.