Spéculation, dollar faible, conflits géopolitiques, les prix de l'or noir s'embrasent. Deux Sommets ont été consacrés au pétrole en l'espace d'une semaine. Le premier a eu pour théâtre Djeddah, le 22 juin, à l'initiative du premier producteur mondial de brut, l'Arabie Saoudite. Il avait été précédé par la visite du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies qui avait annoncé que le Royaume wahhabite allait augmenter sa production de 200.000 barils par jour à partir de ce mois en cours. Ban Ki-moon avait plaidé auprès du Roi Abdallah la préoccupation de la communauté internationale quant à l'impact de la flambée des prix de l'or noir sur la crise alimentaire qui a frappé de plein fouet de nombreux pays. Le secrétaire général de l'ONU avait déclaré que «l'Arabie Saoudite semble étudier très sérieusement la façon dont elle peut répondre à cette question en augmentant sa production». Chose promise, chose due. Le souverain wahhabite annonce, le 22 juin, lors de son allocution d'ouverture du Sommet de Djeddah, qu'«au cours des derniers mois, nous avons augmenté notre production de 9 à 9,7 millions de barils par jour et nous sommes prêts à répondre à toute demande supplémentaire». Les pays consommateurs, sans pavoiser, l'applaudissent. Le ministre saoudien du Pétrole renchérit. Ali Al Nouaïmi annonce que l'Arabie Saoudite pourrait porter sa production à 15 millions de barils par jour. Coup de bluff ou coup médiatique à effet psychologique? L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) cèdera-t-elle devant la décision du géant mondial du pétrole? Par la voix de son président, elle dément «toute intention d'augmenter sa part du marché mondial avant la réunion de septembre prochain à Vienne, en Autriche».Quant à l'augmentation de la production décidée par le Roi Abdallah, Chakib Khelil estime que «la décision de l'Arabie Saoudite est souveraine». Le ministre algérien de l'Energie et des Mines a toujours soutenu que «le marché pétrolier est bien approvisionné». Et il défendra cette position jusqu'au bout. Parmi les causes qui ont provoqué l'envolée historique des prix du pétrole, figure en bonne place le rôle joué par les spéculateurs. Le roi Abdallah les a pointés du doigt lors du Sommet de Djeddah. «Les spéculateurs perturbent le marché pour servir leurs intérêts égoïstes», avait déclaré, lors de son discours d'ouverture, le souverain saoudien. «Certains, pour des objectifs économiques et politiques, contrôlent le prix de manière artificielle», avait déclaré, pour sa part, quelques jours auparavant, Mahmoud Ahmadinejad, le président de la République islamique d'Iran. Une semaine après, et malgré l'annonce par l'Arabie Saoudite d'augmenter sensiblement sa production (de 9 à 9,7 millions de barils par jour), les prix de l'or noir s'attaquent à la barre des 145 dollars. Il affiche 143,67 dollars à New York, pour la première fois de son histoire. Quel effet pourrait avoir, dans ce cas-là, le 19e Sommet mondial du pétrole qui allait se dérouler du 29 juin au 3 juillet dans la capitale espagnole, Madrid? Au premier jour des travaux, la polémique entourant le rôle joué par les spéculateurs dans la hausse des prix du pétrole reprenait de plus belle. Tony Hayward, le patron de la compagnie pétrolière British Petroleum, a qualifié de «mythe» le rôle joué par les spéculateurs, les mettant ainsi hors de cause dans les hausses spectaculaires enregistrées par le baril de pétrole. Il relance ainsi la thèse selon laquelle les marchés pétroliers ne seraient pas assez approvisionnés. Chakib Khelil réitère sa position et déclare: «Tout le monde reconnaît qu'à court terme, il n'y a pas de problème d'offre.» Jeudi, le baril de pétrole affichait, pour la première fois, 146,69 dollars à Londres.