Construit sur une petite crête rocheuse dominant toute la ville, et contrairement aux autres vestiges datant de l'époque coloniale qui se trouvent en ruine, ce petit palais, de plus de 2000 mètres carrés avec enceinte, paraît le mieux conservé. Apeine arrivés sur une pente abrupte et d'un virage à l'autre, vous apparaît la ville d'El Kouif. Au sommet des deux vallées se trouvent trois villages qui composent la ville longeant des sentiers, constituants une urbanisation entrecoupée par la contrainte du relief. A première vue, une rangée des anciennes villas jaunies par l'histoire. Elles sont encore intactes, malgré quelques fissures bien apparentes dues aux infiltrations d'eaux de pluie. Ces bâtisses sont construites au début du siècle dernier pour abriter les cadres et les mineurs européens venus travailler à la mine de phosphate. De l'autre côté de cette ville qu'on l'appelait autrefois «Le Petit Paris», vous apercevez des bâtisses délabrées : une gare, une église, et un petit complexe sportif. Des édifices érigés parmi des vieilles demeures, des anciens mineurs algériens et arabes avec leur agencement caractéristique d'antan, émerveillent, celui qui visite El Kouif pour la première fois. Non loin des friches libérées depuis plus de 35 ans par le déclin de l'exploitation du phosphate des tas de roches stériles, offre un paysage lunaire à ce panorama où se mêlent le présent et la passé de cette ville un peu perdue quelques part, tout près des frontières algéro tunisienne. Au milieu de ce mélange apparait un bijou architectural, qui date des années 20. Une résidence de luxe construite pour recevoir les hôtes et les cadres supérieurs français. Son nom se doit à un petit château comme le surnommaient les kouifiens. Construit sur une petite crête rocheuse dominant toute la ville d'El Kouif et contrairement aux autres vestiges datant de l'époque coloniale, qui se trouvent en ruine, ce petit palais, de plus de 2000 mètres carrés avec enceinte, parait le mieux conservé. Cependant ce dernier vestige a connu ces derniers temps une dégradation sans précédent, sans surveillance et à l'abandon. En effet il s'est transformé en un lieu de tous les fléaux. Des jeunes y viennent pour s'adonner à la drogue et à l'alcool. «Il faut protéger ce château qui représente une partie de l'histoire de notre ville, car on ne peut pas imaginer El Kouif sans ce vestige», a souhaité un ancien mineur. Patton, Jean Gabin et les autres On parlait qu'en 1943 le général major américain Patton avait séjourné pendant quelques jours dans ce petit château alors qu'il était en visite d'inspection de troupes alliées qui campaient tout près des frontières. Quelques années plus tard, en 1949, le réalisateur français Pierre Méré avait opter pour ce palais pour y tourner quelques scènes de son film «La nuit s'achève». Ce long métrage raconte l'histoire d'un mineur qui travaillait à la mine de El Kouif et qui devint aveugle suite à l'explosion au fond d'une mine. Les riverains affirment aussi que le grand acteur français «Jean Gabin» avait passé un week-end dans ce château alors qu'il était en visite à la ville minière Elkouif Le château cédé au dinar symbolique Depuis des années, cet édifice ayant appartenu auparavant à la société de la Sonarem (société nationale de recherche et d'exploitation minière), fait l'objet d'un litige né à la suite de la vente au dinar symbolique, conclue entre la mairie et un entrepreneur, chose qui n'était pas du goût des riverains, notamment les jeunes. «Moi, j'étais parmi les gens qui se sont opposés à cette vente, céder un tel patrimoine qui représente l'identité de la ville à un particulier, c'est aberrant», se plaint un intellectuel. L'on apprend aussi d'une source auprès de la mairie de la commune qu'après avoir restitué cette bâtisse, la direction des domaines de Tébessa va trancher d'ici là sur ce patrimoine. Depuis que l'ancien directeur de Prométal, une entreprise de fabrication de brouettes avait vendu à des prix dérisoires, la structure en ferronnerie métallique de l'ancien concasseur, qui représentait un chef-d'œuvre architectural, à une fonderie à Annaba, des jeunes intellectuels de la ville sont immédiatement intervenus pour arrêter, selon eux, ce massacre mais en vain. Et pour que les autres infrastructures de la mine ne subissent pas le même sort, ils se sont adressés, en premier temps, à l'ex-assemblée populaire pour restaurer et préserver ces vestiges, qui représentent selon les uns, l'identité de la ville. Ainsi, pour un jeune cadre «on s'est adressé à maintes reprises à l'APC, on a même saisi, il y a cinq ans de cela, le wali de Tébessa pour restaurer ces bâtisses pour les utiliser comme musée, bibliothèque ou autres». Ammi Amar, qui vit actuellement à Tébessa, nous dira quant à lui : «Pourquoi ne pas restituer ces construction dans le domaine du tourisme, ça rapportera beaucoup à la mairie».