L'artiste-peintre Hakim Soltane Khelifa dévoile sa toute dernière collection de peinture à la galerie Aïda à Dély Ibrahim. Que de chemin parcouru depuis 2007 chez l'artiste peintre Hakim Soltane Khelifa ! Un chemin linéaire, auréolé de créativités et de succès. Cet architecte de formation a troqué depuis dix ans son matériel d'architecture contre un chevalet et une palette de peinture. Façon singulière de mieux s'adonner à sa passion de toujours. Hakim Soltane Khelifa s'est toujours intéressé au patrimoine national avec ses vestiges et son bâti. Armé de son boîtier, l'artiste a sillonné plusieurs régions d'Algérie en ne manquant pas d'immortaliser des séquences données. Par la suite, il s'est évertué à coucher sur sa feuille Canson l'image donnée, tout en ne manquant pas d'apporter sa touche personnelle. Le résultat est tout simplement fabuleux : la photo devient une œuvre d'art. Le visiteur est d'emblée convié à suivre un parcours initiatique à travers une scénographie à thèmes. Intitulée «Itinérance», cette exposition n'est autre qu'un voyage à travers les différentes contrées enchanteresses de l'Algérie. Le voyage commence par le Nord pour se poursuivre sur les Hauts-Plateaux, en passant par le Sud. On retrouve la majestueuse Casbah d'Alger à l'heure du Maghreb - qui a traversé le temps - avec ses venelles, ses arcanes, ses passants, avec ses femmes enveloppées d'un haïk ou encore ses larges portes en bois. La nature luxuriante du Jardin d'Essai d'Alger est omniprésente avec cette halte au jardin japonais. Les sujets chez cet artiste impressionniste sont contemporains. Son but n'est pas de reproduire une photo d'archives, mais plutôt de livrer des prises de vue actuelles. D'autres tableaux attirent l'attention, dont la mosquée de In Salah, un site archéologique de Djanet, le lac de Kherrata, la ville de Constantine avec ses souikate et sa population enroulée de costumes traditionnels. Sur un long muret, on découvre trois petits tableaux juxtaposés représentant une vue du quartier d'El Biar avec ses lumières mirifiques, la vieille mosquée de Ténès avec son architecture coloniale et une vue imprenable d'un paysage entre Tipasa et Zéralda, où le segment de couleurs entre les foins et le bleu de la mer donne sa pleine mesure à l'œuvre. Les deux tableaux «Sidi Fredj» 1 et 2 dévoilent ce port mythique avec sa lumière atypique du matin et du soir. A l'affût de la moindre action qui se produit autour de lui, Hakim Soltane offre un tableau baroque immortalisant la Grande-Poste, à Alger-Centre, en plein orage la nuit. Au cœur du Sud, c'est une autre pleine tempête qu'on croise également avec ce mélange de crépuscule et de vent de sable. La palette de Hakim Soltane Khelifa est des plus joyeuses. La sélection et les mixages des tons sont des plus recherchés. Il use et abuse de la technique du couteau, avec des superpositions de couches de peinture. Perfectionniste jusqu'au bout des ongles, Hakim Soltane se sert également de l'un de ses doigts pour apporter les retouches nécessaires. Le contraste entre l'ombre et la lumière obéit à une démarche voulue. Dès lors, les œuvres se déclinent sous forme de peinture de style réalisme poétique. Cette exposition de peinture très bien pensée, dont les œuvres sont parfaitement mises en valeur méritent le détour, et ce, avant le 20 décembre courant. Avis aux esthètes et aux profanes.
