C'est l'anarchie ! Les marchés de gros de l'alimentation générale sont improvisés et ne répondent pas aux normes légales. Insalubrité, absence de moyens de conditionnement, désordre, insécurité… les marchés de gros sont devenus beaucoup plus une source de danger qu'une chaîne d'approvisionnement en produits pour le consommateur. Tel est le constat fait par le président de l'association des distributeurs de Kharrouba (ADK), Hakim Laribi, lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège de l'UGCAA, à Alger. Pour lui, les pouvoirs publics et les autorités locales (APC) ont failli à leur devoir de réguler les marchés et le contrôle de la situation leur a échappé. L'un des problèmes majeurs de commerce en Algérie, selon lui, est la distribution. « La distribution est devenue un problème depuis 1995 à cause de la disparition de la grande distribution assurée par les Aswaks, les galeries, Edipal, Edied et Edimco… qui alimentaient l'ensemble des points de vente en tous produits et laissé place à un système d'approvisionnement archaïque, improvisé, échappant à tout contrôle sur le plan normatif », a-t-il affirmé. Selon lui, il est quasi impossible de réguler actuellement les marchés et de contrôler les prix d'autant plus que la majorité des marchés sont créés anarchiquement et que le secteur informel a pris des proportions alarmantes. L'orateur déplore, en fait, la persistance de ce système de distribution fragile et précaire qui perdure depuis plus dix ans. « Nous avons perdu notre pouvoir de régulation, de contrôle et de distribution », a-t-il ajouté. Les responsables de la dégradation de la situation sont, a-t-il indiqué, les ministères du Commerce, de l'Agriculture, les autorités locales et les services de la sécurité. L'augmentation des prix des fruits et légumes au début de ce mois de Ramadhan est due, a-t-il précisé, à l'entrée dans le processus de commercialisation de ces produits de pseudo- commerçants. La vente de ces produits se fait hors des circuits légaux. Une information que confirme d'ailleurs le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub. Ce dernier a estimé que « 60% des produits agricoles sont écoulés en dehors des marchés réglementaires ». Pour le responsable de l'ADK, la prolifération du commerce informel et le laisser- aller des autorités ne feront qu'aggraver la situation, qualifiée d'insupportable. « Les conditions dans lesquelles évoluent nos marchés de gros sont insupportables », a-t-il souligné. L'orateur en appelle ainsi à la résolution urgente de ces problèmes en introduisant une réorganisation du système de distribution. « Cette réorganisation devra obéir à une logique nationale qui devra s'appuyer sur une stratégie d'ensemble, de mise en place d'un système des marchés qui intégrera tous les opérateurs et intervenants dans ce domaine et tous les circuits d'échanges informels », a-t-il lancé. L'ADK propose, selon son président, la création d'une chaîne de marchés en mesure de remédier à la situation qui prévaut actuellement. Il s'agit d'abord de la mise en place de trois grands marchés (marché bleu) à l'Est, au Centre et à l'Ouest. Ces trois grands points de vente vont alimenter les marchés verts qui seront au nombre de 250. Ces marchés serviront de source d'approvisionnement en produits aux commerçants détaillants. Les derniers maillons de la chaîne seront les marchés oranges qui sont le lieu de vente en détail des produits alimentaires. Ainsi, l'association propose un projet de reconversion pour la capitale. Ce projet consiste en la réalisation du marché de gros de Kharrouba (Boudouaou). Une fois achevé, ce marché devra introduire, selon le conférencier, une meilleure réorganisation de la distribution des marchandises dans la capitale.