Insuffisance n Malgré une année abondante en fruits et légumes, la distribution et la commercialisation des produits agricoles accusent toujours autant de lacunes. La liberté des prix profite aux circuits informels qui font intrusion dans les marchés de gros. Résultat : désorganisation, absence de facturation et mauvaises conditions de stockage. Sur les 24 marchés de gros existants, seuls 5 répondent aux normes. Les autres fonctionnent en totale contradiction avec les lois en vigueur. Aménagés en tôles et ne disposant pas d?entrepôts frigorifiques, ces marchés mettent en péril la santé des consommateurs. Des milliers de tonnes en produits maraîchers pourrissent faute de régulation et de distribution rapide. Les pertes pour les producteurs et le Trésor sont énormes en raison de la diminution des recettes fiscales. L?autre phénomène qui surgit est celui des marchés parallèles qui, sous une forme ou une autre, font de la concurrence déloyale. Ce sont de faux mandataires et autres commerçants non déclarés qui imposent leur diktat sur les récoltes de fruits et légumes. Ce sont eux qui sont pointés du doigt pour ce qui est de la flambée des prix, alors que la surproduction agricole de cette année était de nature à favoriser leur baisse. Pis encore, cette faune de commerçants douteux fait et défait les prix à sa guise. Le surplus de dattes et de pommes de terre ne trouve pas preneur pour le moment. Et naturellement, ces produits profitent beaucoup plus à nos voisins, qui les acquièrent à des prix dérisoires ; ils les emballent et exportent nos propres produits. Les pouvoirs publics et les producteurs tentent, par le biais de lois et de concertations, de sauvegarder l?agriculture maraîchère. Toutefois, c?est le contrôle des conditions d?hygiène, du conditionnement et de la fraude sur les prix qui sont le plus exigés par les grossistes. De plus, les associations de consommateurs sont peu actives sur un front qui les concerne directement. Jusque-là, les équipes de la Direction du contrôle et des prix (DCP) tentent tant bien que mal de dissuader les fraudeurs. Mais le volume des transactions douteuses et le poids des marchés informels ne semblent pas plaider en leur faveur. Du reste, c?est la réorganisation des marchés de gros, la création de centrales d?achats par des professionnels et la maîtrise des prix qui pourraient, dans un premier temps, remédier à cette anarchie.