Ces marchés sont jusqu'ici caractérisés par une désorganisation totale à l'origine de la spéculation et de la flambée des prix. Une situation appelée à changer avec l'installation d'une commission nationale chargée d'y mettre de l'ordre. Les marchés de gros des fruits et légumes seront incessamment réorganisés. Une commission nationale chargée de cette mission sera installée avant la fin du mois en cours, a fait savoir, lors d'un point de presse tenu hier à Oran, M. Boulanouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), une organisation qui, depuis de nombreuses années, a fait de cette revendication une de ses préoccupations premières. Sans fournir davantage de détails sur sa composante et ses attributions, le conférencier a laissé entendre que la commission agira selon trois axes auprès des élus de l'APN et du Conseil de la Nation, du ministère du Commerce et des agriculteurs pour «recenser les insuffisances et proposer des solutions qui permettront l'émergence d'un secteur du marché de gros, capable de réguler l'activité et agir dans la dynamique des prix conformément aux attentes du consommateur». La nécessité d'aller vers une réorganisation radicale de l'activité est motivée, selon l'UGCAA, par les nombreux dysfonctionnements qui la caractérisent et la vétusté des infrastructures destinées à l'abriter. «Les marchés de gros existant actuellement ne répondent ni aux normes nationales ni aux standards internationaux», a déploré M. Boulanouar. Une situation d'autant plus inacceptable, selon lui, qu'elle a contraint de nombreux commerçants à se détourner de l'activité cédant la place aux adeptes de l'informel, avec tout ce que cela implique comme répercussions négatives sur «l'activité commerciale légale de vente, de distribution et d'entreposage et causant de grands préjudices au Trésor public». Ainsi, l'organisation professionnelle plaide pour la mise sur pied de marchés de gros répondant «aux exigences de l'économie nationale et aux normes en usage dans les pays du bassin nord de la Méditerranée». L'adhésion prochaine de notre pays à l'Organisation mondiale du commerce constituera, selon l'orateur, une donnée qu'il faudra prendre en compte en s'attelant d'ores et déjà à la création de «trois structures régionales centrales (Centre, Est et Ouest) et penser à trouver les meilleurs moyens pour placer les produits agricoles frais dans les marchés européens». Le diagnostic de l'Ugcaa est sans appel. Même le pouvoir d'achat du citoyen s'en ressent lourdement de cette situation puisque les hausses vertigineuses des prix de vente des fruits et légumes sont imputables en grande partie à l'anarchie qui caractérise ce maillon important de la chaîne de distribution. «Le manque d'organisation et de contrôle a entraîné la marginalisation des dépositaires, ce qui a ouvert la voie aux opportunistes et aux intermédiaires entraînant ainsi une hausse des prix et une spéculation qui ont appauvri le producteur et réduit le pouvoir d'achat du citoyen», estime, de son côté, un membre de la commission nationale des dépositaires agréés. Pour illustrer son propos, ce dernier précise que «60 % des revenus des fruits et légumes sont dilapidés par le marché parallèle et l'évasion fiscale».