Le dossier de création de cette nouvelle joint-venture, qui va priver la SNTA de revenus considérables, est actuellement bloqué au niveau des services du Premier ministre. Les raisons de ce blocage ne sont pas connues. Prise de participation, création de joint-ventures et importations tous azimuts. Le fonds d'investissement émirati Arab Investors poursuit sa stratégie de monopole sur le marché des tabacs en Algérie. Et la prise de participation majoritaire dans la société algéro-émiratie (Staem), créée en 2002 avec la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) ne semble pas satisfaire les Emiratis. Ils veulent pousser les autorités algériennes à créer une nouvelle société mixte qui sera chargée de commercialiser les produits des deux entreprises, à savoir Staem – qui produit des cigarettes de marques étrangères – et la SNTA. Le dossier de création de cette nouvelle joint-venture, qui va priver la SNTA de revenus considérables, est actuellement bloqué au niveau des services du Premier ministre. Les raisons de ce blocage ne sont pas connues. Mais à la SNTA, des cadres pensent que le Premier ministre n'est pas convaincu de la proposition du ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb. Surtout que, selon toujours les mêmes sources, ce dernier aurait demandé aux responsables de la SNTA de parapher le contrat sans passer par le conseil d'administration. Pourquoi ? Nos sources ne donnent pas ce réponse, mais soupçonnent la volonté des autorités de ne pas ébruiter l'affaire.Avant de parvenir à cet accord, les Emiratis voulaient créer une autre joint-venture qui devait «absorber» la SNTA. Le projet d'accord prévoit la création d'une société mixte dans laquelle la SNTA serait majoritaire. Mais pour des raisons inconnues, il n'a jamais vu le jour. Marché de dupes ? La mainmise des Emiratis sur l'industrie du tabac en Algérie a commencé en 2002. Sous prétexte de faire barrage à la contrebande qui fait rage dans le pays, le gouvernement crée une société mixte entre des fonds émiratis et la SNTA. Lorsque la Staem entre en production en 2005, la société publique avait 60% des parts de marché. Aujourd'hui, elle n'en a que 24%, le reste du marché est donc pris par la Staem. Cette dernière produit plus d'un milliard de paquets de cigarettes alors que la SNTA, qui produisait 700 millions d'unités il y a dix ans, n'en a fabriqué que 500 millions en 2014 et finit l'année en cours avec moins de 400 millions de paquets. L'écart entre les deux entités se situe sur le plan social. La Staem, qui n'emploie que 1000 personnes dans son usine de Bou Ismaïl, réalise un chiffre d'affaires de 45 milliards de dinars en 2014. Par contre, la SNTA, comptant 15 unités réparties sur l'ensemble du territoire national et réalisant un chiffre d'affaires de 22 milliards de dinars, verse des salaires à 4500 employés. Car, en plus des unités de production des différentes marques de cigarettes et de tabac à priser (chemma), la SNTA dispose d'unités de distribution à travers toutes les wilayas du pays. Un service dont se passe la Staem qui s'appuie sur un réseau de grossistes privés pour écouler sa marchandise. Ce qui fait peur aux cadres et travailleurs de la SNTA est ce que certains dans l'entreprise qualifient de «concurrence déloyale». Ainsi, pendant que la SNTA achète sa matière première auprès de petits agriculteurs algériens, sa «concurrente» s'approvisionne en produits semi-finis auprès de fournisseurs européens et américains. Son principal pourvoyeur étant l'américain Philip Morris qui a racheté, en 2014, 25% des parts émiraties de la Staem. Cette dernière fabrique d'ailleurs une partie de ses produits sous licence du cigarettier américain.Toutes ces transformations se sont produites en l'absence d'un syndicat qui n'exerce plus depuis au moins 2 ans. Ce qui fait craindre une privatisation de la société qui compte pourtant parmi les plus solides du pays. A noter que nos tentatives de joindre le président-directeur général de la SNTA, Charaf-Eddine Amara, ont été vaines.