Dans l'escarcelle du monde du travail, les opportunités de l'emploi sont parfois nombreuses, parfois rares, mais l'initiative entrepreneuriale est accréditée de fortes chances d'aboutir. Faut-il encore s'en saisir. C'est du moins ce à quoi s'attelle, en collégialité, universités et centres des carrières dont celles de Constantine. Dans cet esprit d'interaction, l'université Frères Mentouri a organisé récemment la 2e édition de la Semaine mondiale de l'entrepreneuriat, dans le sillage du mouvement mondial Global Entreprenership Week (GEW). Sous le slogan «Passionné(e)s d'entrepreneuriat, libérez-vous», la manifestation, abritée par le campus de 500 places pédagogiques, a mis les bouchées doubles pour inciter davantage la communauté estudiantine à se confronter à cette option d'avenir et peut-être l'adapter en tant que parcours professionnel. Le collège des partenaires, à savoir l'université Constantine 1, son centre des carrières, l'Agence nationale de soutien pour l'emploi des jeunes (Ansej) et l'Association de développement des capacités des jeunes (ADCJ), qui a assuré cette secondes édition, du 17 au 24 novembre dernier, a misé sur l'apport d'information actuelle et réelle relative à l'entrepreneuriat en Algérie, l'échange et la connexion entre les jeunes et les professionnels ainsi que le réseautage entrepreneurial constructif et continu. En tant que passerelles entre les domaines de formations et le monde professionnel, le centre des carrières et l'Ansej n'en sont pas à leur premier essai. Ce Salon n'est qu'un maillon de la longue chaîne de manifestations de cet acabit au sein de l'université, soit une stratégie pour l'émergence d'idées nouvelles et une éventualité de leur concrétisation. C'est d'ailleurs à ces acteurs de démontrer aux leaders d'opinion et aux décideurs politiques que l'entrepreneuriat est la clé du développement économique d'une nation. Cette foultitude de manifestations autour de la notion d'entrepreneuriat est la preuve qu'ils mettent du cœur à l'ouvrage. UNE STRATEGIE PAYANTE ? Confrontée à l'épreuve du terrain, cette stratégie qui a démontré son efficience, quand bien même elle est relative, résiste et maintient son cap. Les résultats, s'ils ne sont pas très probants pour certains, poussent tout de même à l'optimisme. En référence aux statistiques présentées par le responsable de l'Ansej lors de journées sur l'entrepreneuriat, un quart des bénéficiaires des projets Ansej de l'année écoulée était composé de diplômés universitaires. D'un point de vue arithmétique, de la totalité des 1100 projets Ansej concrétisés durant l'année 2014, 22% sont portés par des diplômés. Un nombre en constante augmentation comparativement aux années précédentes, selon la même source. Sur les quinze dernières années, il y a eu 10 000 projets Ansej à Constantine, bon nombre d'entre eux ont réussi, d'autres pas ou ont connu des déconvenues pour diverses raisons, dont l'absence d'étude du marché, le manque de formation ou encore la saturation de certains créneaux qui étaient très porteurs. La culture entrepreneuriale s'avère être l'une des conditions sine qua non pour lancer un projet. Selon une étude réalisée par le centre des carrières de l'université Constantine 2, l'esprit entrepreneurial se distingue d'une région à une autre. L'objet de l'étude qui porte sur la courbe et la nature de l'entrepreneuriat dans trois wilayas de l'est du pays, en l'occurrence Constantine, Mila et Jijel, a révélé une disparité dans les secteurs investis. A Mila, il s'illustre dans les domaines créateurs de richesses ; à Constantine, c'est le prestige qui l'emporte alors qu'à Jijel, il demeure très artisanal. UN LEVIER POUR LA SOLIDITE DE L'ECONOMIE Quelle est donc la meilleure voie pour inculquer l'esprit de l'entrepreneuriat ? Cette question qui taraude experts et profanes pourrait trouver la réponse dans «le recrutement dans les universités d'enseignants-associés exerçant comme chefs d'entreprise», selon certains universitaires chercheurs. C'est du moins l'une des idées exposées lors du Salon de la micro-entreprise intervenant dans le domaine culturel. Abdelaziz Cherabi, enseignant à la faculté de l'économie de l'université Constantine 2, a suggéré que «le recrutement dans les universités d'enseignants-associés exerçant comme chefs d'entreprise, entrepreneurs, banquiers, experts-comptables ou avocat est la meilleure voie pour inculquer l'esprit de l'entrepreneuriat». Le conférencier dont le thème de l'intervention est «l'expérience algérienne dans la formation à l'entrepreneuriat» a établi la corrélation entre «l'esprit entrepreneurial et la solidité des économies». Selon son analyse, la solidité des économies de certains pays dans le monde est essentiellement due à «l'entretien permanent de cet esprit». Et d'expliquer que «seuls les gens du terrain peuvent le communiquer et le transmettre». Affirmant que l'entrepreneuriat est un état d'esprit, le conférencier a également mis en avant l'importance de la formation des experts pour protéger l'économie, arguant que «la solidité de l'économie des Etats-Unis est, entre autres, basée sur les rapports des experts qui observent, scrutent et analysent toute modification opérée dans la société américaine et à travers le monde». L'économiste évoquera l'apport de l'ouverture du capital des banques publiques aux actionnaires privés comme moyen, a-t-il souligné, d'inculquer «un esprit libéral» qui financera «les idées innovantes et valorisera les recherches des laboratoires». L'exemple est donné par le secteur de l'agroalimentaire et l'immobilier comme étant pourvoyeurs «d'entreprises ayant su développer l'esprit d'entrepreneuriat». Les instances locales, à l'image de la commune, sont aussi appelées à la promotion de l'économie à leur échelle via, a-t-il appuyé, «l'entretien des idées qui rapportent et la sollicitation des entrepreneurs ayant prouvé son efficacité sur le terrain». Ce qui s'assimile à une utilisation optimale et à bon escient des notions constructives du domaine entrepreneurial.