Les prix du pétrole qui ont baissé sensiblement ces dernières semaines de 78 dollars le baril en août à 60 dollars actuellement devraient reprendre leur hausse à partir de l'hiver, a estimé jeudi le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. « Je pense que les prix vont se stabiliser à leurs niveaux actuels ou baisser un peu avant de reprendre », a dit le ministre dans une déclaration à la presse, en marge de sa réponse à des questions orales des députés de l'Assemblée populaire nationale. Le ministre, qui a expliqué que la faiblesse actuelle des prix du pétrole est due notamment à la préoccupation concernant l'affaiblissement de l'économie américaine, l'accalmie de la situation géopolitique et climatique (pas d'ouragans) ainsi que la baisse de la demande des Etats-Unis en essence après la fin des vacances, prévoit que la demande pétrolière en hiver soit « plus importante » à 1,3 ou 1,4 million de barils/jour, ce qui va relancer les prix. Nous pensons que l'année prochaine, la demande sera plus importante, d'autant plus que l'économie américaine semble reprendre notamment avec l'éventuel accord entre les Etats-Unis et la Chine sur le domaine financier, ce qui pourrait réduire le déficit américain et aiderait par la même à baisser les taux d'intérêt », a souligné M. Khelil. Quant à l'inquiétude exprimée par certains producteurs quant à la poursuite de cette baisse, le ministre considère que « cette baisse est normale en cette période » où ce sont les fondamentaux qui contrôlent le marché, à savoir l'offre, la demande et les stocks. « Ce sont les fondamentaux qui contrôlent le marché, ce ne sont plus la géostratégie, les ouragans,etc. », a dit le ministre. « C'est vrai, quand les prix qui sont très élevés baissent rapidement, c'est préoccupant, mais nous pensons qu'ils vont rester à ces niveaux ou faiblir un peu plus (59 ou 58dollars/b), mais ils vont reprendre et se renforcer au début de l'année prochaine, soit en hiver, où la demande va être en hausse », a estimé M. Khelil. Les prix du pétrole ont entamé la journée d'hier par une légère baisse tirés par l'abondance de l'offre mondiale de brut, mais le marché reste prudent quant à l'attitude de l'Opep et la crise avec l'Iran. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord perdait 49 cents à 62,05 dollars sur l'échéance de novembre. Tandis qu'à New York, le baril de « light sweet crude », pour la même échéance, baissait de 29 cents à 62,47 dollars lors des échanges électroniques. « Le marché paraît s'être recentré sur l'abondance de l'offre », a souligné un analyste de la maison de courtage Sucden, pour expliquer le repli des cours. Les stocks pétroliers des Etats-Unis se sont nettement renfloués ces dernières semaines, ceux du fioul de chauffage s'affichant à un niveau record, ce qui promet un hiver 2006/07 sans problème d'approvisionnement. En outre, la forte croissance de l'économie mondiale qui était l'un des moteurs de la hausse des prix de brut a commencé à ralentir, notamment aux Etats-Unis, estiment les analystes. Les autres risques pesant sur la production, comme les ouragans et les actes de sabotage au Nigeria sont dissipés. Cependant, les analystes estiment que certains facteurs continuaient d'inquiéter le marché et expliquaient le rebond du baril au-dessus de 64 dollars jeudi à New York : la crise avec l'Iran, et l'attitude de l'Opep. L'échec des puissances à trouver une solution à la crise actuelle sur le programme d'enrichissement nucléaire de l'Iran pourrait procurer du soutien aux cours du brut, pensent encore les analystes. Par ailleurs, le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Edmund Daukoru, a décidé que son pays, le Nigeria, « réduirait sa production de 5% au 1er octobre, pour le dernier trimestre », a confirmé vendredi un porte-parole de l'organisation, Omar Farouk Ibrahim. Cette décision ne regarde que le Nigeria, aucun accord, « ni formel ni même informel », n'ayant été passé au sein de l'Opep pour réduire la production, a assuré M. Ibrahim. Pour le ministre de l'Energie, M. Khelil, une éventuelle réunion extraordinaire de l'Opep « n'était pas nécessaire pour le moment ». « On a jugé que pour le moment cette réunion n'est pas nécessaire », a dit le ministre, qui a relevé que « si les spéculateurs n'étaient pas préoccupés par une possible intervention de l'organisation, les prix auraient déjà baissé plus ». « Actuellement, les spéculateurs, qui sont plus préoccupés par une possible décision de l'Opep, ont peur de se retirer du marché, craignant de voir l'organisation prendre une décision de réduction de sa production », a noté Chakib Khelil. Affirmant que les membres de l'organisation étaient « constamment en concertation » ; il a souligné que la réunion en décembre prochain à Abuja (Nigeria) « est une bonne occasion et prendra la mesure adéquate si nécessaire ». APS, R. E.