Les cours du pétrole repartent à la hausse et dans des proportions inespérées, il y a quelques mois. Ils devraient varier entre 65 et 70 dollars jusqu'à la fin de l'année 2009 avant de connaître une hausse à partir du début de 2010. La déclaration, datée de samedi dernier, est du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil qui s'exprimait, à Alger, en marge d'une cérémonie de signature de contrats entre Sonatrach et des compagnies étrangères. Chakib Khelil a expliqué que les prix seront compris dans une fourchette de «65-70 dollars jusqu'à la fin 2009», car la consommation de l'essence aux Etats-Unis va augmenter en été, mais qu'il «est difficile de prévoir le marché». Et d'ajouter que les cours du pétrole vont «très probablement dépasser le niveau de 70 dollars le baril à partir de l'année 2010», à la faveur d'une reprise de l'économie mondiale. Khelil a, cependant, précisé que «le marché reste sensible aux facteurs tels que les cours du dollar, actuellement en baisse, ou une éventuelle dégradation de l'économie mondiale qui risque d'influer négativement sur les cours du brut». Ce sont des prévisions que les marchés n'ont pas démenties; les prix de l'or noir ont pris ces derniers jours une tendance haussière, dépassant les 70 dollars le baril, un plus haut depuis près de sept mois, dopés, notamment, par la faiblesse du dollar, l'optimisme du marché et l'appétit pour les matières premières. Le cours du «light sweet crude» coté à New York a grimpé, vendredi dernier, pour l'exemple, jusqu'à 70,32 dollars, son cours le plus haut depuis le 4 novembre 2008, avant de retomber sous l'effet d'un fort rebond de la monnaie américaine. Les marchés sont aussi soutenus par les commentaires de la banque américaine Goldman Sachs, dont les analystes ont revu à la hausse leurs prévisions, tablant sur un prix de 85 dollars en moyenne à fin 2009, contre 65 dollars précédemment. La flambée des prix du pétrole sur le marché new-yorkais pourrait n'être que la première étape de l'envolée du brut qui va accompagner, selon nous, «le redressement» de l'activité économique, ont-ils indiqué. Des mouvements de yo-yo continuent, également, de ponctuer les marchés ; le baril du brut avait lâché 2,43 dollars, soit 3,5%, après la publication des statistiques hebdomadaires du département américain de l'Energie sur les stocks pétroliers du pays. Sur l'InterContinental Exchange (ICE), le brent de la mer du Nord a reculé de 2,29 dollars, à 65,88 dollars le baril. Les réserves américaines de pétrole brut sont reparties à la hausse, la semaine dernière, à la surprise des marchés et après plusieurs semaines de baisse. Elles ont progressé de 2,9 millions de barils, à 366 millions de barils. Les économistes attendaient en moyenne un recul de 1,4 million de barils. Les stocks d'essences ont augmenté moins fortement que prévu, de 200 000 barils contre une hausse attendue de 400 000 barils. Enfin, les stocks en produits distillés (fioul, gaz de chauffage...) ont augmenté de 1,6 million de barils. Les analystes avaient anticipé une progression d'un million. Cet optimisme au sujet de la hausse des prix du pétrole était, en fait, dans l'air, il y a quelques semaines. Fin 2008, quand le baril se situait autour de 34 dollars, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), on s'en souvient, estimait que le niveau actuel des prix ne devait être qu'un épisode de quelques mois avant une nouvelle flambée des cours. Elle a vu juste. Dans un rapport bien fouillé sur les perspectives énergétiques mondiales, qu'elle avait rendu public, fin 2008, l'Agence s'attendait à ce que le prix du pétrole repasse au-dessus de 100 dollars le baril et prévoyait qu'il atteindra 200 dollars en 2030. Elle tablait sur une moyenne de 100 dollars le baril pour le prix du pétrole sur la période 2008-2015, en dollars constants de 2007 (c'est-à-dire hors inflation). Fin 2008, les prix du pétrole peinaient à reprendre dans une conjoncture caractérisée par des craintes sur la demande, craintes nourries par une nouvelle chute des marchés d'actions et par des prévisions sombres émises par le FMI. Ce n'était qu'une période passagère. Les pronostics du FMI s'annonçaient moroses. Ils avaient attisé les craintes sur la demande pétrolière, un facteur qui n'était pas de nature à faire augmenter les prix. Le Fonds monétaire entrevoyait une récession dans les pays développés, en 2009, avec une contraction de l'activité qui devait atteindre 0,3%, la première depuis l'après-guerre. Les investisseurs s'étaient d'autant plus délestés de leur pétrole qu'ils avaient vu leur pouvoir d'achat érodé par une remontée du dollar face à l'euro : le billet vert s'était nettement raffermi, remontant jusqu'à 1,2712 dollar contre 1 euro, après l'annonce d'une baisse des taux de la Banque centrale européenne. Y. S.