La cérémonie qui s'est déroulée dimanche dans la grande salle de la résidence du siège de la wilaya de Ghardaïa a révélé un visage différent de celui qui a endeuillé le M'zab deux ans durant. Alors qu'il n'y a pas si longtemps de cela chaque camp rasait les murs de son côté, la déchirure née de cette tragique parenthèse qui a ensanglanté la région semble avoir disparu. Du moins à vue d'œil. Et c'est vraisemblablement en guise de remerciement que ce cérémonial a été décidé et exécuté sans introduction préalable. A l'honneur, l'armée nationale populaire, la gendarmerie, la police ainsi que les services de renseignements tant de l'armée (CTRI) que de la police (RG), mais aussi et surtout l'institution judiciaire. C'est ainsi que des personnalités, des élites, des associations et des notables des deux communautés ont décidé d'un commun accord de rendre cet hommage aux corps constitués qui ont permis au M'zab de sortir de sa tourmente, d'un long et douloureux cycle de violence qui a plongé la région dans l'horreur. 5 mois à peine après les heurts sanglants de juillet 2015, la région retrouve sa quiétude et sa sérénité. Un dispositif sécuritaire rigoureux y est disposé par l'armée. L'armée veille à la sécurité Premier constat : tout le monde était présent à cette rencontre de réconciliation dans une salle qui s'est révélée bien exiguë pour contenir tout l'exécutif, les chefs de daïra, les P/APC, les notables, les élus de l'APW et des APC, ceux des deux chambres du Parlement, les présidents d'associations et des hommes de culte, ceci sans compter l'importante présence des médias. L'organisation était minutieusement suivie et contrôlée par des officiers de l'armée. La raison en est toute simple, le général major Chérif Abderrazak, chef de la 4e Région militaire, chargé par le président de la République de remettre de l'ordre dans la maison, était présent avec une dizaine d'officiers supérieurs de l'armée de terre et de l'aviation. Le colonel Mâameri Aberrazak, chef du secteur opérationnel de Ghardaïa qui a rappelé le rôle et les prérogatives de l'armée nationale populaire, avant de céder la parole au président de l'APW de Ghardaïa, Omar Daddi Addoune, lequel a mis en exergue le rôle capital et déterminant du président de la République, ainsi que ses efforts constants pour ramener et maintenir le calme dans cette région chère à tous les Algériens. Programme spécial pour le M'zab «Nous n'oublierons jamais cette décision historique du chef de l'Etat qui a mis fin à l'effusion de sang et ramené la paix et la concorde entre tous les enfants du M'zab», et d'ajouter «Nous exprimons ici, aujourd'hui, notre immense gratitude à notre président, Abdelaziz Bouteflika», a conclu le président de l'APW représentant la voix du peuple. Lui succédant, Azzedine Mechri, wali de Ghardaïa, a tenu à rappeler que «le grand retard de développement nécessite un plan specifique afin de booster le M'zab à tous les niveaux», ajoutant qu'«un important programme a été conçu spécialement pour cette région et une commission interministrielle a même été mise en place à cet effet par le ministère de l'Intérieur et des collectivités locales». Rendant hommage à l'efficace implication des responsables sécuritaires, les généraux Abdelghani Hamel et Nouba Menad, patrons respectifs de la police et de la gendarmerie nationale, ainsi que le suivi rapproché du Premier ministre, Abdelmalek Sellal venu écouter les notables, les élus et les élites des deux communautés et trouver avec eux les solutions idoines aux nombreux problèmes de la région, le wali de Ghardaïa a réitéré son engagement personnel à veiller à la securité et au developpemet de la wilaya. Tirer les leçons Dernier à prendre le parole, le général-major cherif Abderrazak, chef de la 4e Région militaire, a fait une déclaration liminaire sans donner la moindre indication sur les résultats de la période de mise sous régime militaire de la région de Ghardaïa, ni le nombre d'arrestations et encore moins celui des enquêtes en cours. Laissant parler les représentants des deux communautés, il a privilégié les actes aux paroles laissant transparaître une parfaite convergence entre Brahim Braïk, le président du conseil des Malékites de Ghardaïa et Doudou Bahmed, président du conseil Ba Abderrahmane El Kourthi, qui ont tous deux «espéré que les leçons du passé soient tirées pour que plus jamais la région ne revive ce qu'elle a vécu». Répétant à tour de rôle : «Nous avons un même pays, un même hymne national, une même carte d'identité, une même religion et le même Prophète. Nous sommes un même peuple, une même nation. Nous avons toujours vécu en harmonie et en parfaite convivialité. Cela devra être ainsi jusquà l'éternité», sans oublier de rappeler que «la justice doit passer et que tous ceux qui sont responsables ou coupables de près ou de loin dans ces dramatiques événements soient sanctionnés par une justice qui se doit d'être juste». Le mot est lâché, une justice, rien que la justice. La cérémonie a été clôturée par une série de cadeaux remis au chef d'état-major dont deux grands tableaux destinés, l'un au président de la République et l'autre au chef de l'armée, le général de corps d'armée, Gaïd Salah.