L'idée a germé lors de l'université d'été 2015, organisée à Boumerdès», nous confiera Manel Yekhlef, du Club de l'astronomie de l'université des Frères Mentouri (UFM). Pour cette étudiante en microbiologie, de surcroît membre du staff organisationnel de la manifestation scientifique, c'est un véritable challenge que de tenir ce regroupement des Clubs scientifiques, miser sur sa réussite et sa pérennité. Le choix du thème, en l'occurrence «Les énergies renouvelables et l'environnement», s'est imposé de facto. Il est fédérateur et intervient dans le sillage de la COP21 qui a eu lieu à Paris (France) et s'est clôturée le week-end dernier. C'était presque une évidence, «on ne pouvait pas y échapper», laissera entendre notre interlocutrice.Ils sont treize clubs scientifiques d'étudiants, venus de neuf wilayas, à participer au regroupement éponyme qui se tient depuis le 17 décembre en cours, et ce, jusqu'au 25, à l'université des Frères Mentouri de Constantine. L'objectif de ce conclave, dont le coup de starter a été donné jeudi dernier en présence du recteur de l'UFM et de deux représentants du ministère de tutelle, est de lancer les jalons d'un cadre organisationnel à l'échelle nationale des clubs scientifiques. «La tutelle prête une intention particulière à l'amélioration des conditions de vie en général, à la création et à l'encouragement de clubs scientifiques dans le milieu estudiantin, hors cursus pédagogique et académique», a rappelé Assia Sahraoui, au nom du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Son collègue du département du développement technologique et l'innovation est revenu sur le rôle de l'élément humain dans la recherche scientifique «Il faudra instaurer des doctorats à l'effet de faire bénéficier les entreprises des compétences, capacités et habiletés requises», a-t-il suggéré. S'agissant du thème de cette rencontre, responsables et étudiants sont unanimes à en égrener les aspects positifs dont les échanges d'expériences, ouvrant la voie à la mise en place d'un réseau entre ces différents clubs. Une immersion scientifique bénéfique à plus d'un titre pour certaines universités, dont celle de Naâma qui y a fait son baptême du feu. «Son club y participe pour la première fois et c'est une expérience enrichissante qui s'est révélée à ses membres», nous dira l'un des organisateurs. Celui de Biskra est venu chargé d'inventions. «Le club de Biskra a présenté un petit appareil d'irrigation qui ne nécessite aucun recours à une quelconque énergie ou encore un moteur dont le plein se fait d'un mélange d'eau et d'un peu de carburant», nous précisera-t-on. Innovation et talent «Le chercheur qui jouit d'expériences avérées et de savoir-faire pourra s'intégrer aisément au sein des entreprises par l'apport de toutes ces qualités. De même qu'il s'agit de créer des équipes mixtes», dixit l'un des représentants de la tutelle. C'est ce qui devrait être, mais la réalité est tout autre. La manifestation était exclusivement portée par les étudiants et pour les étudiants. Pas l'ombre d'un opérateur économique. Les passerelles entre l'université et le monde de l'entreprise ont visiblement du mal à prendre racine.L'autre point noir soulevé est peut-être le timing de ce regroupement. Il a lieu pendant les vacances universitaires, d'où la défection du «public». Exception faite des participants, le campus de 500 places pédagogiques est désert. Aucun étudiant n'a effectué le déplacement pour suivre les activités de ces clubs qui comportent, outre les expositions, des conférences et des sorties touristiques. Un intérêt manifeste Le volet conférences est des plus intéressants. Il suffit de consulter le programme pour se faire une idée sur la qualité des interventions. Les déclinaisons des énergies renouvelables ont été formulées sous plusieurs thèmes. Il est question de «la biomasse, de l'application des énergies photovoltaïques, des énergies renouvelables, de l'absorption directe de l'énergie solaire basée sur les nano-fluides, du système solaire combiné, et la transition énergétique pour la croissance verte en Algérie». Après chacune des interventions assurées par des enseignants de l'université Mentouri, le débat s'est révélé passionnant et au-delà des espérances. L'on déborde même sur le temps imparti à l'intervention tant l'assistance qui n'en rate pas une miette exige davantage de précisions dans les explications. Presque de l'exégèse. Les conférenciers sont bombardés de questions. Les émissions de gaz à effet de serre ou la fission nucléaire n'auront plus de secret pour eux ! Tout le monde veut comprendre. «En dépit de la complexité de certains sujets, leur vulgarisation nous parvient et on la saisit», nous confiera un participant, étudiant en économie de son état à l'université de Sétif. Des énergies renouvelables, l'on retiendra la solaire : comment la stocker dans des batteries et s'en servir la nuit ou dans les régions reculées, étant une énergie permanente et inépuisable, contrairement à celles fossiles qui s'épuisent. Viendront les énergies éoliennes avec la maîtrise des vents, la géothermie avec l'exploitation des eaux chaudes souterraines. «Actuellement, le développement d'un pays se mesure par son degré de pollution», a affirmé l'un des intervenants. Et de préciser encore : «L'Afrique produit à peine 4% des gaz à effet de serre, ce qui est insignifiant mais pas une raison pour ne pas opérer une mue et adopter les énergies renouvelables».