L'année qui s'achève a commencé par la révolte des populations du sud du pays contre l'exploitation du gaz non conventionnel, le gaz de schiste. Les manifestations ont débuté le 1er janvier 2015 et ne se sont arrêtées que six mois plus tard. De Ouargla à Tamanrasset en passant par In Salah, les habitants du Sud se sont appropriés l'espace public pour crier au «gaz de la mort» et obliger le pouvoir à s'expliquer , mais surtout à faire un pas en arrière. Après de petits sit-in à Ouargla, les activistes antigaz de schiste ont réussi, grâce à leur vaste campagne de sensibilisation via les réseaux sociaux et les médias, à drainer beaucoup de monde et à mobiliser sur le terrain. Si pendant de longues semaines, le gouvernement feignait ignorer ces protestations, la mobilisation massive de toute la population d'In Salah, jeunes et vieux, hommes, femmes et enfants, a créé un mouvement de sympathie et de solidarité à travers le territoire national. Plusieurs formations de l'opposition ont soutenu ce mouvement contre l'exploitation des gaz de schiste dans le Sud. Le 1er mars, une marche à In Salah dégénère. Bilan : des centaines de blessés, dont une quarantaine de policiers chargés du maintien de l'ordre. Le siège de la daïra incendié. Le gouvernement réagit pour la première fois à travers le PDG de Sonatrach et, par la suite, le ministre de l'Energie, le Premier ministre et enfin le président de la République qui assurait, dans un message à l'occasion de la fête de la Victoire, que «la préservation de la santé des citoyens et de leur environnement est la ligne rouge que ni l'Etat ni nulle autre partie ne peuvent franchir». Mais le chef de l'Etat avait annoncé que l'Algérie poursuivra jusqu'au bout ses forages d'exploration de gaz de schiste dans le Sahara. Le groupe pétrolier Sonatrach avait annoncé fin décembre 2014 avoir effectué avec succès son premier forage dans la région d'In Salah. Et c'est à partir de là que les manifestations antigaz de schiste se sont multipliées dans les villes du Sud algérien. Si le calme est revenu, le mouvement antigaz de schiste ne s'essouffle pas. Les activistes poursuivent leurs actions de sensibilisation des citoyens sur les méfaits de l'extraction de ce gaz non conventionnel.