« Je préfère effectuer plusieurs fois le trajet Chlef-Oran que d'emprunter une seule fois l'axe Chlef-Alger, tant celui-ci est saturé et cause de sérieux désagréments aux automobilistes », nous disait un chauffeur de taxi dont la déclaration résume en fait le ras-le-bol de ses collègues et de tous ceux qui empruntent régulièrement ce tronçon de 200 km. Nous avons pu vérifier ce calvaire lors d'un récent déplacement sur la route en question. Il faut se lever à 4 h ou 5 h du matin pour pouvoir joindre la Capitale dans des conditions plutôt normales, autrement, vous risquez de vivre le calvaire avec son lot d'engorgement des principaux carrefours et d'embouteillages le long des villes traversées. Dans ces conditions, il est normal que votre voyage se transforme en cauchemar, marqué par de longues attentes et un retard énorme sur l'horaire prévu. C'est du moins ce qui arrive souvent aux usagers utilisant ce passage obligé de la RN 4. Pour y passer, il faut traverser pas moins de dix villes et villages où la circulation est tantôt bloquée, tantôt libérée sur un rythme très lent, comme cela est le cas à El Attaf, El Khemis, Boumedfaa et Oued Djer. Des gendarmes et policiers sont postés au niveau des principaux carrefours, mais cela ne suffit pas, apparemment, à assurer la fluidité tant attendue. De longues files de voitures se forment quotidiennement de part et d'autre, créant des embouteillages monstres sous un soleil de plomb. Les nerfs des passagers sont à fleur de peau et l'on doit prendre son mal en patience car ni les vociférations des uns, ni les réclamations des autres ne parviendront à améliorer ou à faire changer les choses. « On a beaucoup parlé de l'autoroute est-ouest mais on ne voit rien venir », diront des voyageurs, l'espace d'une halte prolongée au niveau du carrefour de Boumedfaa. Il est vrai que les travaux de ce grand chantier ont été lancés depuis plusieurs années, en particulier sur le tronçon El Affroun-El Hociena et celui reliant El Khemis à Oued Fodda. Les travaux sont visibles sur le nouveau tracé longeant l'ancienne route, notamment entre Oued Djer et Bouhallou. Terrassement de la nouvelle voie Cependant, seul un tronçon de 12 Km, dans la wilaya de Aïn Defla, a pu être recouvert de bitume et attend toujours l'achèvement des ouvrages d'art dont les travaux sont en cours, comme nous avons pu le constater ces derniers jours. Pour ce qui est de la tranche allant de la limite ouest d'El Affroun à la frontière avec Aïn Defla, sur 15 Km, l'opération est au stade des premières interventions. Des engins lourds sont engagés pour le décapage et le terrassement de la nouvelle voie qui passe à côté de celle existante. Quant au tronçon El Khemis-Oued Fodda, long de 73 Km, on nous apprend que celui-ci a été lancé en mars 2005 et est exécuté par sept entreprises nationales pour la partie route et trois pour celle des ouvrages d'art. Chlef est comprise dans ce chemin avec un segment de 4,5 Km, situé entre Tiberkanine (Aïn Defla) et Oued Fodda, à 20 Km à l'est de Chlef. Le marché devrait être réalisé dans un délai n'excédant pas 40 mois. Or, pour beaucoup, cette échéance risque de ne pas être respectée si l'on tient compte des retards énormes qui affectent les autres chantiers déjà lancés de longue date dans ce cadre. Apparemment, ce projet d'envergure, qui est l'autoroute est-ouest, a du mal à trouver sa vitesse de croisière, malgré les nombreuses visites effectuées sur les lieux par le ministre des Travaux Publics. Les contraintes d'ordre technique ne peuvent justifier à elles seules les lenteurs constatées, sinon comment expliquer qu'un tronçon de 12 Km, déjà achevé entre Boumedfaa et Bouhallou, traîne toujours en longueur. Rouler sur une voie express n'est donc pas pour demain et la route actuelle, de surcroît dépassée par le flux important de véhicules, reste le principal passage entre Alger et l'ouest du pays, avec tout ce que cela entraîne comme conséquences désastreuses sur les mouvements des personnes et des marchandises.