Ce bon vieux moyen de transport, ne compte plus que les fidèles parmi ses usagers qui lui trouvent encore des vertus malgré toutes ses lacunes. Il faut savoir, en effet, que seulement 16 % du chiffre d?affaires de la Sntf proviennent du transport des voyageurs, le reste est assuré par celui de marchandises. La compagnie a décidé de réagir en faisant peau neuve. Coup de sifflet, départ à 8h 10 min avec dix minutes de retard. Destination Oran via Chlef. Dans les compartiments de première classe, voyage sur fond de musique douce. André Rieu ou Richard Clayderman ? Les sièges sont aux trois quarts vides. Ce n?est pas donné à tout le monde de se payer un billet à 650 ou 710 DA ? dans un rapide, on doit s?acquitter de 60 DA «pour le confort supplémentaire». D?ailleurs, les voyageurs sont, pour la plupart, seuls. Deux amies se rencontrent par hasard et s?assoient côte à côte pour faire le trajet ensemble. Impressions de la deuxième arrivée : «Ce n?est pas mieux le train ? La dernière fois que j?ai pris le taxi, j?ai eu tellement peur, le chauffeur prenait son bolide pour un avion.» Puis, au bout d?un moment, le train n?ayant pas encore pris de vitesse : «C?est ça qu?on appelle rapide ?» Les deux jeunes femmes s?endorment. Le calme qui règne est à la limite de l?ennui, on entendrait une mouche voler. Un employé de la Sntf, qui arrive avec un chariot chargé de boissons et de biscuits, rompt le silence. Il engage une discussion avec les deux jeunes femmes que la faim a réveillées. Déception, il n?y a pas de sandwichs. «On ne nous en a pas donné aujourd?hui», leur répond-il. Mais la discussion se poursuit un moment, cordiale. Premier arrêt, Chlef. Des voyageurs descendent, d?autres montent. Retour à 14h 20min, Chlef-Alger en classe économique cette fois. Mme B., appelons-la ainsi, est une habituée de cette ligne, à tel point qu?elle est reconnue dès qu?elle franchit le seuil de la gare. Elle est saluée aussi bien dans la salle d?attente à Chlef que dans le train par des contrôleurs qui apprécient sa fidélité. «Depuis six mois, je fais l?aller-retour toutes les deux semaines pour quelques jours de repos ici à Chlef», indique-t-elle. Peu de monde aujourd?hui (mardi), les déplacements s?effectuant plutôt en fin de semaine, selon les employés et cette dame qui parle en connaissance de cause. L?espace convient aux enfants qui jouent et emmagasinent certainement des souvenirs. Ambiance conviviale et discussions amicales entre voyageurs le temps d?un trajet. Certains contrôleurs y mettent du leur, soucieux de leur image de marque. «Ils ne sont pas tous aussi aimables», affirme la voyageuse avant d?ajouter, outrée : «J?en ai vu un qui a frappé un adolescent parce qu?il n?a pas payé sa place.» «Il ne fait pas partie de mon équipe», rétorque un contrôleur. Alger est en vue, le train siffle annonçant son arrivée. Tout le monde descend.