Les animateurs du Manifeste kabyle, un mouvement qui revendique «un statut politique particulier pour la Kabylie dans une Algérie multiculturelle», estiment que la décision de l'officialisation de tamazight intégrée dans la nouvelle Constitution n'est que «la réparation d'une injustice d'Etat majeure envers les millions de citoyens locuteurs en tamazigh au même titre que la langue arabe (article 3)». «Toutes les régions amazighophones seront particulièrement attentives sur la prise en charge effective de leur langue tant sur le plan politique qu'institutionnel», précisent les mêmes militants dans un communiqué transmis à notre rédaction. «Une officialisation de la langue tamazight qui serait simplement une réparation symbolique et qui n'accorderait pas aux amazighophones le droit de la développer, de manière souveraine dans leurs régions, sera un leurre constitutionnel et engendrera encore plus de frustration et pérennisera le sentiment d'exclusion», ajoute le même document signé par Ahmed Aït Bachir, l'un des initiateurs du Manifeste kabyle. «Depuis l'annonce de la révision de la Constitution en 2011, le temps a été suffisamment long pour permettre aux décideurs d'engager un véritable processus démocratique, condition incontournable pour donner légitimité à tout projet de révision de la Loi fondamentale. En partant du principe que l'association des citoyens, par l'ouverture d'un véritable débat, est un droit fondamental opposable à toute forme de construction d'un droit juridique qui s'imposerait à eux, on ne peut que s'interroger sur les motivations réelles de cette révision», soulignent les rédacteurs du même texte.