Le gouvernement veut rassurer les Algériens et compte le faire à travers des organisations corporatistes. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a reçu, jeudi, une délégation de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avec laquelle il a abordé la situation de la sphère commerciale au niveau national ainsi que ses perspectives d'évolution. Cette audience, qui s'inscrit dans le cadre des rencontres périodiques de concertation entre le gouvernement et les partenaires sociaux, s'est tenue en présence des ministres des Finances et du Commerce. La délégation de l'UGCAA, conduite par son secrétaire général, Salah Souilah, a fait part de ses préoccupations tout en exprimant sa ferme volonté de participer pleinement à la stabilisation et à l'amélioration de la situation du commerce de gros et de détail, a indiqué un communiqué du Premier ministère, repris par l'APS. Les augmentations des prix de ces derniers jours ont décidé le gouvernement à s'adresser — une première — directement à des organisations, à l'instar de l'UGCAA, pour «raisonner» les commerçants. Mais des détracteurs de Souilah et de son organisation, à laquelle ils dénient le droit de représenter la corporation en raison de ses démêlées avec la justice, estiment que la rencontre ne devrait pas provoquer le changement attendu : stabiliser les prix. «Toutes les marchandises transportables ont connu une hausse. Les transporteurs et les commerçants de gros et de détail devront compenser les surcoûts dus à l'augmentation des prix des carburants. Cette tendance touchera aussi les commerçants libéraux (coiffeurs, auto-écoles, etc.) en raison des nouvelles taxes sur l'électricité», indique El Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Association des commerçants et artisans algériens (Ancaa), en cours de constitution. Selon les estimations de l'ancien porte-parole d'une aile dissidente de l'UGCAA, depuis le début de l'année et l'entrée en vigueur de la loi de finances 2016, la hausse des prix varie de 5 à 10%. «Cette hausse n'est aussi pas importante que celle constatée une année plus tôt (en 2015). A cette période-là, le taux était de 25%, parfois même de 100%. Les lentilles cédées à 120 DA sont actuellement vendues à 220 DA et même plus. Donc les prix avaient déjà augmenté avant l'entrée en vigueur des nouvelles taxes», précise le porte-parole de l'Ancaa. Les représentants de l'UGCAA ont évoqué le plusieurs points avec leurs interlocuteurs du gouvernement : l'allégement des impôts, le commerce parallèle, la grève des distributeurs de lait, le crédit à la consommation et le développement de la production nationale. Cette réunion ne devrait pas faire baisser les prix sur le marché. «Souilah, le secrétaire général de l'UGCAA, dit que l'Etat maintient la subvention des prix. La belle trouvaille. S'il veut éviter la tendance haussière et faire baisser les prix jusqu'à 10%, il ne doit pas dévaluer le dinar pour éviter la hausse des prix des marchandises importées ou celles produites localement à base de matières importées. Il est aussi primordial de réorganiser le secteur de stockage et de distribution et de réaliser des marchés de proximité», suggère Boulenouar. Des rencontres seraient organisées entre son organisation et les ministres du Commerce et des Finances afin «de faire un point de la situation de la sphère commerciale de façon régulière», annoncent les participants à la réunion.