Une nouvelle fois, Ali Benflis pointe du doigt «la vacance du pouvoir» qui caractérise le sommet de l'Etat. Il fait le lien entre cette situation et le projet de la révision constitutionnelle que propose Abdelaziz Bouteflika. «Alors que l'impasse politique totale à laquelle est confronté le pays se manifeste à travers la vacance du pouvoir, l'illégitimité des institutions et l'accaparement du centre de la décision nationale de la part des forces extraconstitutionnelles, le projet de révision constitutionnelle occulte ces périls qui pèsent sur la stabilité et la pérennité de l'Etat national et augure de leur aggravation au prix d'une fragilisation et d'une déstabilisation accrues de l'Etat national», insiste le communiqué qui a sanctionné les travaux du bureau politique de Talaïe El Houriat. Le parti de l'ancien Premier ministre estime que, contrairement aux affirmations des autorités, le projet de révision constitutionnelle «n'introduit aucune transformation sérieuse et crédible dans la nature personnalisée, autocratique et totalitaire du système politique imposé au pays». Pour le parti de Ali Benflis, le projet des autorités n'apporte rien et n'est pas destiné aux objectifs affichés. Le projet de révision constitutionnelle «répond plus aux intérêts étroits du régime politique en place et à son souci obsessionnel d'assurer sa survie qu'à l'aspiration des concitoyennes et des concitoyens à la modernisation du système politique national à travers l'avènement d'une République démocratique et sociale s'épanouissant dans le cadre d'un Etat de droit», ajoute le document. Talaïe El Houriat ne se limite pas à la critique. Il estime que «toute solution sérieuse, durable et crédible de cette crise de régime devra assurer la prise en charge effective de la vacance du pouvoir et de l'illégitimité des institutions à travers un retour au jugement non faussé du peuple algérien souverain, dont le respect serait assuré par une véritable commission indépendante chargée de la conduite de l'intégralité des processus électoraux et non pas seulement de leur surveillance inopérante et fictive». Sur le plan social, le bureau politique de Talaïe El Houriat a considéré que le «fardeau injustement partagé de la riposte à la crise économique, la complaisance manifeste du régime politique en place envers ses clientèles économiques en particulier et les bénéficiaires privilégiés de la rente en général, de même que les mesures d'austérité prises de manière sélective et discriminatoire constituent autant de facteurs de détérioration d'un contexte social déjà fortement dégradé et tendu».