«Nezzar n'a jamais remis en cause les faits du vivant de Si L'Hocine, il le fait aujourd'hui qu'il est mort. Qu'il sache que sa mémoire sera défendue par tout le peuple algérien.» La sortie polémique du général à la retraite Khaled Nezzar, pour se défendre d'avoir proposé à feu Hocine Aït Ahmed la présidence de la République en 1992, prend des allures de mauvais film au scénario grossièrement monté. Se gardant de démentir l'information du vivant de Si L'Hocine, Khaled Nezzar casse par lui-même le récit qu'il donne des faits. Les vidéos de l'époque sur les témoignages de Hocine Aït Ahmed et de Ali Haroun, et la réaction du général à la retraite Mohamed Betchine, hier, dans le journal Ennahar démolissent la déclaration du général Nezzar. Rachid Halet, membre de l'instance présidentielle du Front des forces socialistes (FFS), estime que la sortie de Nezzar «manque de panache». «Nezzar n'a jamais remis en cause les faits du vivant de Si L'Hocine, il le fait aujourd'hui qu'il est mort. Qu'il sache que la mémoire de Si L'Hocine sera défendue par tout le peuple algérien», souligne le responsable du FFS qui était présent en 1992 à la rencontre avec Nezzar. «Il faut savoir que des consultations avaient été organisées à l'époque par l'état- major de l'armée avec tous les partis politiques et c'est dans ce cadre-là que le FFS, à sa tête Hocine Aït Ahmed, avait été convié. Moi-même et le professeur Madjid Bencheikh avions accompagné Si L'Hocine à cette rencontre qui n'a duré que 15 minutes, les positions étaient tranchées», indique le Dr Halet avant de noter qu'Aït Ahmed avait affirmé lors de cette rencontre la position du parti qui était de considérer l'intervention de l'armée en arrêtant le processus électoral de véritable coup d'Etat. «Je persiste et signe, c'est bien Nezzar qui était déstabilisé lors de cette rencontre et non pas Aït Ahmed qui, sûr de lui et sur un ton de fermeté, avait dit à Nezzar qui tentait de le nier que c'était un coup d'Etat», témoigne Halet avant de préciser que Nezzar insistait en essayant de justifier l'intervention de l'armée et de dire qu'un congrès allait être organisé. Rachid Halet note, par ailleurs, que contrairement à ce que déclare Nezzar aujourd'hui, ce n'est pas lors de cette rencontre qu'il aurait proposé à Si L'Hocine la Présidence. «Lors de cette rencontre, très courte d'ailleurs, nous n'avons pas discuté de postes mais du coup d'Etat. Ce n'est pas trahir un secret que de dire qu'il y a eu une précédente rencontre entre Si l'Hocine et Nezzar. Je me rappelle comme si c'était hier, Si L'Hocine m'a dit qu'il avait rencontré Nezzar et avait tout fait pour le dissuader de faire intervenir l'armée, mais il est resté inflexible malgré les mises en garde de Si l'Hocine.» Et d'ajouter : «Si L'Hocine a dit aussi que Nezzar lui avait proposé une place au HCE et peut-être même la place de choix. Chose que ce général n'a jamais nié d'ailleurs.» Rachid Halet estime que Hocine Aït Ahmed a porté le jugement le plus sérieux qui soit contre l'ancien chef d'état-major et ancien ministre de la Défense lors du procès de Habib Souaïdia en déclarant que ce qui le sépare de Nezzar, c'est «un fleuve de sang». Invité à réagir à la polémique suscitée par Nezzar et ses sorties en chaîne, notre interlocuteur estime qu'il ne peut pas s'empêcher de constater «que chacun essaye de sauver sa peau». «Au-delà de la polémique suscitée, il y a le souci d'avoir trempé dans certaines histoires et affaires… Acculé, chacun veut se dédouaner vis-à-vis de l'opinion. Il y a eu des fissures dans le rang des décideurs et cela commence à inquiéter beaucoup de monde», note M. Halet en précisant qu'ils ne peuvent atteindre la mémoire de Hocine Aït Ahmed, qui est défendue par le peuple algérien.