Le leader du FFS a été cité comme témoin pour défendre Souaïdia contre Nezzar. Le FFS était présent aux côtés du sous-lieutenant des forces spéciales de Beni Messous dès le premier jour du procès. En effet, la citation à la barre par les avocats de la défense, de José Garçon, considéré comme un proche d'Aït Ahmed, de Nacéra Dutour, présidente de SOS-Disparus, connu pour ses relations étroites avec la direction du FFS, de Salima Ghozali, membre du fameux cabinet noir du parti d'Aït Ahmed, de Yous Nasrallah auteur du livre polémique Qui a tué à Bentalha?, militant actif du Front des forces socialistes et enfin la présence inattendue du président du FFS, ainsi que celle de Ahmed Djeddaï, en tant qu'observateur, aux côtés de quelques militants venus, eux aussi, d'Alger conforter cette thèse développée par Souaïdia. Ce parrainage du FFS est, par ailleurs, exprimé sur un ton à peine voilé par l'accusé Habib Souaïdia qui revendique l'envoi d'une commission internationale en Algérie pour enquêter sur les exactions et les dépassements de certains éléments de l'armée. Durant plus d'une heure, M. Hocine Aït Ahmed n'a cessé de dénoncer l'intrusion de ce qu'il qualifie de coup d'Etat militaire qui se cacherait derrière une façade démocratique. «On a créé 60 partis pour amuser la galerie pour faire croire à l'existence d'une démocratie», a indiqué Aït Ahmed qui a précisé qu'il avait cru à une ouverture démocratique, mais qui, finalement, n'a servi que de tremplin au système pour rebondir. Moment historique et anecdotique: le général Nezzar s'est levé pour répondre «face à face» à Aït Ahmed, lui indiquant qu'il respectait sa vision et qu'ils avaient une différente interprétation de la situation politique. Aït Ahmed d'une arrogance infinie regarde le général et lui répond: «L'écart qu'il y a entre vous et moi, c'est un fleuve de sang.» Nacéra Dutour, quant à elle, s'est adressée à Nezzar, lui demandant de lui rendre les milliers de personnes qui ont disparu depui 1994. La défense de Souaïdia a tiré de ses témoins le maximum de déclarations accablant le général Nezzar. Les avocats de Souaïdia ont usé de tous les stratagèmes pour descendre en flammes les témoins haut de gamme cités par la partie civile. C'est ainsi que devant une assistance médusée Me Comte a qualifié l'ancien Chef du gouvernement Ghozali de «marionnette des militaires», Boudjedra de «bouffon du roi» et Nezzar d'un mandataire de quarteron des généraux d'Alger. Pour les avocats de la partie civile, Mes Bernard Gorny et Ferhat ont insisté sur le danger islamiste et la nécessité d'arrêter le processus électoral. A ce propos, les avocats de Nezzar insistent: «Si l'Armée n'avait pas combattu le FIS, l'Etat algérien n'aurait pas existé aujourd'hui.» La partie civile voulait faire allusion à l'alliance entre le FIS et le FFS. Quant au procureur, son intervention a été inscrite dans une ligne purement impartiale puisqu'elle avait estimé que la jurisprudence n'exigeait pas de prendre dans le propos et que l'émission de la Cinquième, centre du procès, est un débat d'idées démocratiques et que, par conséquent, la liberté d'expression doit être impérativement respectée. Une conclusion sur un procès qui en dit long sur les conséquences médiatiques et politiques d'une affaire qui a confronté le FFS et Nezzar et qui a lavé le linge sale algérien dans une bassine française. Verdict le 27 septembre 2002 à 13 heures.