Ali Haroun dit n'avoir jamais su l'existence d'une rencontre entre l'ancien ministre de la Défense et le fondateur du FFS, le soir de la démission de Chadli Bendjedid. Aussi, il dément avoir, un jour, affirmé que Khaled Nezzar a proposé la présidence de la République à Hocine Aït Ahmed. Ali Haroun s'invite dans le débat pour éclaircir les choses après la grande polémique qui a suivi l'écrit de Khaled Nezzar sur ses rencontres avec feu Hocine Aït Ahmed. Contacté hier par Liberté, l'ancien membre du Haut-Comité d'Etat (HCE) révèle n'avoir jamais su l'existence d'une rencontre entre l'ancien ministre de la Défense et le défunt président du Front des forces socialistes (FFS), le soir de la démission de Chadli Bendjedid, en janvier 1992. "Je ne pouvais pas le savoir à cette époque, étant donné que je n'étais encore qu'un ministre des droits de l'Homme. Mais dans les réunions que nous avons tenues pendant les deux années qu'a duré le mandat du HCE, Khaled Nezzar ne nous l'a jamais dit. De toute façon, pas à moi", témoigne-t-il. Le général à la retraite Khaled Nezzar avait révélé vendredi, sur le site électronique Algérie patriotique, avoir invité Hocine Aït Ahmed à discuter d'une solution à la crise qu'imposait la démission de Chadli Bendjedid, le soir même de l'annonce de la nouvelle, et une seconde fois dans les jours qui ont suivi l'arrêt du processus électoral. Dans son écrit, l'ancien ministre de la Défense entendait apporter une mise au point à certains témoignages attestant qu'il avait proposé, à cette époque, le poste de président de la République à l'ex-patron du FFS. Mais le journal électronique TSA, a publié, samedi, un témoignage vidéo d'Ali Haroun, diffusé en 2010 par la chaîne TV France 5, et qui, selon le site en question, "affaiblit la version de l'ancien ministre de la Défense". Sur la vidéo on entend, en effet, l'ancien membre du HCE dire que Khaled Nezzar a formulé une telle proposition à Hocine Aït Ahmed. Des images et un témoignage qu'Ali Haroun, qui rentrait hier d'un voyage à l'étranger, conteste vivement. "Je me souviens avoir tenu ce propos, mais c'était à Kénitra, au Maroc, lorsque je suis parti voir Mohamed Boudiaf pour le convaincre de rentrer et diriger le pays. Je n'ai jamais affirmé que Khaled Nezzar a proposé la présidence de la République à Hocine Aït Ahmed", a-t-il souligné. Cette précision d'Ali Haroun apporte de l'eau au moulin de Khaled Nezzar qui soupçonnait, dans une conférence de presse, improvisée dans l'urgence, samedi, en fin de journée, qu'il s'agissait d'une "vidéo montage". L'ancien membre du HCE explique d'ailleurs que Khaled Nezzar ne pouvait pas faire une telle offre à Hocine Aït Ahmed pendant la période de l'arrêt du processus électoral, puisque ce dernier "n'arrêtait pas de crier au coup d'Etat". "C'est comme s'il proposait à Mehri de venir constituer un gouvernement, alors que le FLN était pour aller au second tour des élections législatives", soutient-il. Néanmoins, Ali Haroun se souvient des deux déplacements du général Touati à Genève, en Suisse, au courant de l'année 1993, pour rencontrer Hocine Aït Ahmed. "Comme le mandat du HCE devait arriver à terme, en janvier 1994, nous avons entamé des consultations dès mai 1993 avec tous les partis politiques, aussi bien le FLN que le FFS, le RCD et Hamas de feu Mahfoud Nahnah. Le général Touati est allé en juin puis en décembre de la même année proposer à Aït Ahmed de rentrer au pays pour trouver une solution avec nous. Il a, bien entendu, refusé", affirme-t-il. À la question de savoir si le général Toutai n'aurait pas proposé la présidence de la République à Hocine Aït Ahmed, l'ancien membre du HCE indique : "Personne n'avait, à l'époque, l'Algérie entre les mains pour se permettre une telle offre. Au mieux, le général Touati aurait pu lui dire : ‘Rentrez au pays, vous serez candidat et nous vous soutiendrons'." Mehdi Mehenni