Farhat Yatim est une association d'orphelins gérée par Mme Yamina Gherbi Khelfaoui. Une femme au foyer de 48 ans, qui, après plusieurs années passées au chevet de sa famille, se retrouve aujourd'hui aux petits soins des dizaines d'orphelins de Ouargla, qui n'hésitent pas à l'appeler «Mama Yamina». Nous l'avons retrouvée à la maison de jeunes Mustapha Ben Boulaïd de Sidi Abdelkader, agenouillée sur un tapis en train de plier des vêtements pour ses pupilles. Comment avez-vous basculé vers le travail associatif après plusieurs années passées derrières les fourneaux ? L'aide aux plus défavorisés a toujours fait partie de mon quotidien, mais l'association c'était le rêve pour moi, pourquoi ? Parce que ça implique les autres, ça devient professionnel, ça engage les responsables et surtout ça s'inscrit dans la durée, et du coup, ça devient l'affaire de tout le monde. Au début, je m'occupais essentiellement de mes voisins, mon entourage, le quartier, aujourd'hui, je couvre une bonne partie de Ouargla, même les villages les plus reculés et pour lesquels j'attache une attention particulière vu les conditions extrêmes dans lesquelles ils vivent. Toutefois, il est vrai que rien de cela n'aurait été possible sans Abdelhalim Ben Rabia, directeur de la maison de jeunes Mustapha Ben Boulaïd, qui est le trésorier de l'association et bien évidemment le père fondateur de cette dernière, parce que c'est grâce à lui que mon rêve est devenu réalité et bien sûr à ma famille, qui me soutient sans conditions. Parlez-nous des principales missions et services au profit des orphelins ? Notre principale mission est l'assistance psychologique des familles d'orphelins, pour nous, le fait d'être à leurs côtés au jour le jour est quelque chose d'extraordinaire. Le bonheur d'un gamin qui, à la fin du trimestre, vient vous voir pour exhiber fièrement ses excellentes notes, grâce éventuellement au travail de proximité et de suivi que nous faisons au quotidien à l'égard de ces familles. Le contact est permanent, des petits bobos les plus anodins, aux grands défis auxquels font face les familles, logement, éducation, santé, fréquentation, nourriture, mariage, tout passe au peigne fin. Nous sommes les anges gardiens des orphelins. Mais pour les grandes occasions, il arrive qu'on organise des cérémonies, pour la distribution de couffins, vêtements, ravitaillement, fournitures scolaires. On s'apprête à lancer la caravane d'hiver, où il y aura des vêtements, des couvertures ainsi que des couffins pour plus de 100 foyers. Il nous arrive d'organiser également des excursions, des compagnes de circoncision et des Omras au profit des veuves. Quels sont les plus grands défis de l'association ? Nous lançons un appel aux âmes charitables pour nous trouver un local à même d'abriter nos activités. Parmi les innombrables avantages qu'on a dans cette maison de jeunes, c'est la disponibilité des travailleurs qui nous aident en permanence. Le siège de la maison se trouve dans un endroit stratégique, en plein centre ville, il est facilement repérable et près de toutes les institutions, mais le bureau que nous occupons est trop petit pour stocker les dons et recevoir les familles. Le transport constitue lui aussi un handicap majeur à notre travail, pour les déplacements fréquents, le transport des orphelins, la récupération et la distribution des denrées pour les familles, surtout vers les contrées les plus lointaines, c'est un véritable parcours du combattant pour assurer un moyen de locomotion pour l'assistance d'un malade ou pour un cas urgent. Enfin, pour la mise en place d'un centre d'assistance sanitaire et psychologique, cela reste un vœu pieux, nous pratiquons dans le virtuel, nous avons un carnet d'adresses bien riche en personnel soignant, comme le Dr Ben Zaoui, ophtalmologue, ou encore Dr Hariz, spécialiste en médecine interne. Qu'est-ce qui vous motive pour l'avenir de l'association ? Je suis confiante pour l'avenir de l'association, puisque la frange orpheline peut desormais compter sur la valeur ajoutée de notre equipe. Nous aspirons à l'amélioration de nos conditions de travail afin de dispenser des services de qualité et pour une couverture optimale. Je dois dire que les idées ne manquent pas, encore moins les volontaires, qui s'investissent davantage. Nous avons notamment mis sur pied un nouveau projet, «Kafalat Yatim» ( parrainage d'un orphelin), qui vise à prendre en charge un enfant financièrement par une âme charitable, en s'engageant à lui verser une pension mensuelle de manière régulière, le procédé connaît un succès fou et les veuves en sont très satisfaites, cela leur permet d'aider leurs enfants à poursuivre leurs études sans problèmes. Nous sommes en train de monter un autre projet destiné essentiellement aux veuves. C'est un atelier de coutur e, qui a pour but d'insérer ces femmes dans la vie professionnelle, afin qu'elles puissent devenir indépendantes financièrement pour subvenir aux besoins de leur foyer. Quant aux orphelins qui ont dépassé la puberté et qui sont toujours en scolarité ou à l'université, nous envisageons de publier un nouveau magazine, Nada El Djanoub, qui sera rédigé par leurs soins et qui a pour objectif de les instruire et de les initier dans la vie associative dans un premier temps et aussi afin de mettre en valeur les richesses et les potentialités de la région.