Pour ce baptême du feu dans la capitale, les neuf musiciens et comparses de Jarka ont littéralement séduit le public, venu nombreux en dépit du mauvais temps, découvrir ce groupe peu connu à Alger. En effet, si le groupe est célèbre dans sa ville natale, Tlemcen, c'est à la faveur de la promotion de son tout premier album Sabil qu'il a été convié à se produire à Alger. Un concert qui en valait la chandelle. Les nombreux convives n'ont pas été déçus par la qualité de la prestation offerte. Après la présentation d'usage du groupe Jarka par la chanteuse arabo-andalouse Lila Borsali, les neuf musiciens regagnent la scène avec détermination. Dans une atmosphère faite de pénombre, rehaussée d'un zest de vapeur, les musiciens s'arment de leurs instruments musicaux de prédilection. Le leader du groupe et virtuose violoniste Khalil Baba Ahmed mène d'une main de maître l'ensemble de l'orchestre. Une complicité amicale et fraternelle se devine sur les visages de ces talentueux musiciens. Comme attendu, le groupe gratifie l'assistance des plus beaux titres de son tout nouvel album Sabil, sorti en 2013, aux éditions AVM d'Oran. La pluralité des instruments traditionnels et modernes donne un cachet particulier à ses compositions musicales. En effet, la batterie, la derbouka, le oûd, le violon, les guitares électriques, le tar, le bendir et el karkabou se mêlent dans une parfaite communion pour arriver à un métissage de sons des plus délicieux à écouter. Des répliques joyeuses entre instruments, à l'image de la batterie et du violon ou encore des guitares électriques avec le oûd en enchantent plus d'un. La particularité de ce groupe — qui s'est formé en 2006 — est qu'il ne repose sur aucune voix. Seule l'orchestration est omniprésente. La représentation s'ouvre par le titre Espoir, une reprise de la chanson L'Orphelin du chanteur Akli Yahiatène, mais revisitée personnellement par Jarka. Dès les premières notes musicales jouées, le public a du mal à rester en place. Le leader du groupe, Khalil Baba Ahmed, invitera, d'ailleurs, à plusieurs reprises les présents à investir le devant de la scène. Des youyous fusent également de partout. C'est dire que le groupe faire valoir son talent. Nomade est un autre titre interprété, invitant à une balade musicale à travers l'Algérie et dans le monde. Place ensuite à un titre plus compliqué, la nouba h'çine. C'est du moins ce qu'a avoué Khalil Baba Ahmed puisque la batterie s'invite dans ce genre andalou. L'enchaînement se fait avec Meriem : une magnifique composition qui donne la liberté à la batterie, au violon et au oûd de dialoguer. L'envolée musicale se poursuit avec une grande halte du côté de Sidi Bel Abbès avec le titre-phare Raï révolution. Une belle chorégraphie s'offre alors. Le oûd s'installe en maître dans un silence religieux, suivi quelques minutes plus tard du violon, de la gaba et de la batterie. Le morceau Jarka, qui a été composé au début de la formation du groupe, est lui aussi remis au parfum du jour avec des airs de 2013. La soirée se clôture par un dernier We'm la grande, un titre festif dédié à la Kabylie où la funk se devine en filigrane. Le public se lâche littéralement pour se lancer dans des pas de danse des plus mesurés et des plus remarquables à la fois.