Le public algérois était invité à découvrir l'univers musical du groupe «Jarka», survolant le patrimoine algérien par des fusions savamment élaborées avec des sonorités rock, jazz ou encore reggae, à la faveur d'un concert du groupe organisé jeudi à Alger. Se produisant pour la première fois sur une scène de la capitale, devant un public de mélomanes moyennement nombreux, ce groupe venu de Tlemcen a également présenté son premier album instrumental sorti récemment «Sabil». Composé de neuf musiciens sur scène, le groupe «Jarka» est une expérience unique fruit d'une rencontre entre des musiciens de divers horizons et divers influences musicales réunis autour du patrimoine musical algérien et d'un sens prononcé de la création et de la fusion. Mené par le virtuose du violon, Khalil Baba Ahmed, le groupe se distingue par l'absence de chant et surtout par une très grande maîtrise des musiciens. «Jarka» a démontré au public qui a tout de suite adhéré à ce concept, qu'il était possible de présenter de la musique andalouse ou de la musique kabyle sous un jour jazzy ou rock en gardant son âme et en la rendant universelle et accessible. En hommage au chanteur Akli Yahiatene le groupe a interprété «Jahgh bezaf d'ameziane» en plus de reprendre «Hal li ettalaki min sabil» un classique de la musique andalouse sur lesquelles sont venus se greffer les guitares de Housseyn Kahouadji et Ryad Korso, la basse de Karim Hammidou, les claviers de Fethi Ziani Cherif et la batterie de Mehdi El Mezouar. L'âme de «Jarka», qui est aussi le nom d'un mode dans l'andalou, se dévoile avec une composition du même nom sur laquelle les musiciens expriment chacun l'ampleur de leur virtuosité dans des solos au violon, à la guitare ou au luth par Walid Hakim. Le groupe a également revisité les classiques du raï dans une composition intitulée «Raï Evolution» qui invite le guellal de Houari Gaïdi pour des rythmiques oscillantes symbolisant divers époques et écoles de cette musique. Actif depuis près de dix ans, «Jarka» souhaite par cette recherche réconcilier le patrimoine algérien et les musiques occidentales contemporaines en créant une nouvelle proposition sonore et une autre conception de la fusion qui se rapproche de la création.