L'installation de la chute des cours du pétrole dans la durée et l'absence d'un outil de production performant hors hydrocarbures font craindre le pire. Pour bon nombre d'experts, le pays risque de se retrouver de nouveau dans le cercle des pays endettés. Pour d'autres, c'est l'ultime recours face à l'assèchement des ressources financières. C'est en août dernier, à l'occasion de la réunion gouvernement-walis que le Premier ministre Abdelmalek Sellal a évoqué pour la première fois un éventuel retour à l'endettement extérieur. «Dans le cas où nous serions obligés – et je ne pense pas qu'on le sera – de recourir au marché financier international pour faire un prêt, nous aurons toutes les chances de l'obtenir», avait-il noté devant les walis, rassurant que l'Algérie «est à l'aise de ce côté puisque le pays a même prêté au FMI. Entre-temps, la situation s'est dégradée puisque les cours du pétrole ont poursuivi leur tendance baissière. Depuis, l'idée d'un endettement externe a bien mûri chez les membres de l'Exécutif. En effet, deux mois plus tard, en octobre dernier, le ministre du commerce, Bekhti Belaïb, rebondit sur la question et évoque la possibilité de contracter un prêt auprès de la Chine pour financer certains grands projets. Comme arguments, le ministre cite les faibles taux d'intérêt appliqués par la Chine et de la qualité des relations entre les deux pays. Ainsi, en plus des coupes budgétaires, du report de certains projets, de l'endettement interne, des partenariats public-privé (PPP), l'endettement externe figure parmi les solutions auxquelles comptent recourir le gouvernement. Or, les risques sont importants. «Les taux risquent d'êtres élevés, surtout auprès de banques commerciales», nous dira à ce sujet l'économiste Nour Meddahi qui donnera comme exemple le taux directeur de la Banque centrale de Chine qui est de 4,35%. Toutefois, précisera-t-il, «le taux des banques chinoises pour le port sera bien plus élevé, à moins que l'Etat chinois ne donne des garanties aux banques». Est-ce une garantie ? Est-ce que les indicateurs actuels permettent à l'Algérie de contracter ces crédits ? «Le premier élément que les prêteurs examineront est le déficit budgétaire qui est en très mauvaise posture depuis plusieurs années», rappellera encore M. Meddahi pour qui l'endettement externe ne doit donc pas être envisagé dans le court terme. Pourquoi ? «Car il se ferait à un taux élevé alors que nous prêtons nos réserves de change à de faibles taux», nous expliquera-t-il. Donc, pour notre expert il est plus logique que le gouvernement emprunte au niveau national en émettant des bons du Trésor. «Même si le taux d'intérêt sera plus élevé que sur le plan international, les prêts seront libellés en dinar et non pas en monnaie étrangère, ce qui veut dire qu'il n'y aura pas de risque de change». Mais, quelle que soit l'option choisie pour le financement de l'économie, les risques persistent en l'absence de bonne gouvernance économique. C'est le cas aussi pour les PPP dont l'évaluation nécessite un savoir-faire. S. I.