Puisque l'argent du pétrole coule à flots, l'Etat peut-il se permettre d'abandonner des projets et infrastructures de grande importance économique et sociale, réalisés à coups de milliards de DA ? C'est du moins la question qui vient à l'esprit à la vue de ces structures de base fermées sans raison valable, depuis plusieurs années, et exposées à toutes sortes de dégradation. Pendant que les pouvoirs publics encouragent l'investissement de stockage agricole, sur le fonds de soutien (il existe plus de 46 chambres froides), un complexe frigorifique de l'ex ENAFLA est abandonné à son triste sort à la sortie Est de a ville de Chlef. Il n'a pas trouvé, semble-t-il, preneur après la mise en vente lancée par le liquidateur de l'entreprise, basé à Alger. L'infrastructure qui comporte plusieurs pavillons de stockage sous froid, abritait, rappelons-le, tous les produits (fruits et légumes) commercialisés à l'époque par l'ENAFLA. La dissolution de cette dernière, en 1997, suite à une décision gouvernementale, a entraîné en fait le démantèlement de tout le circuit de commercialisation, composé, entre autres, de centres de conditionnement, de points de vente et de moyens de stockage frigorifique. Si certains ont trouvé preneurs, d'autres se détériorent davantage en raison de leur fermeture prolongée, à l'image du complexe cité. Ce qui est valable pour celui-ci, l'est aussi pour les chambres froides de l'ex ONAPSA de Sidi Akkacha, à 40 Km au nord du chef-lieu de wilaya. La situation est identique car depuis la dissolution de cette entreprise, à la même période, les équipements en question ont subi le même sort et demeurent toujours inutilisés. Et dire que des producteurs de pommes et de poires de la région n'ont pas trouvé, cet été, où stocker leurs produits dont une importante quantité a été jetée dans la nature, faute de ce type de moyens de stockage. Matériel importé délaissé Sur le plan agricole toujours, une station de semences prévue de longue date à Bouzeghaia, puis à Sidi Akkacha, pour le compte de la CCLS, n'a toujours pas vu le jour et attend, nous dit-on, la venue de l'entreprise étrangère chargée du montage des équipements. Pour l'heure, une partie du matériel importé est abandonnée à même le sol, sans aucune protection, au milieu du terrain choisi pour ledit projet. « Nous avons saisi la CCLS pour connaître les raisons de ce blocage mais aucune suite ne nous a été réservée à ce jour. Nous avons demandé la récupération de l'espace au cas où le projet serait annulé, pour y construire des équipements publics », nous a indiqué un élu de la municipalité, joint hier par téléphone. Le secteur de la santé est logé à la même enseigne puisqu'une unité médicochirurgicale, la première du genre réalisée depuis 1995 sur le site de l'ancien hôpital de Chlef, est restée fermée après avoir été, pourtant, totalement achevée. Le projet qui a englouti des sommes colossales devait désengorger les deux hôpitaux en préfabriqué du chef-lieu de wilaya et rapprocher les urgences des malades. Or, après le lancement du nouvel hôpital, non loin de là, décision a été prise de changer l'activité de cette infrastructure et de la transformer, par exemple, en unité de protection maternelle ou autre service sanitaire de proximité. Toutefois, l'instruction donnée en ce sens par le ministre de la Santé, lors de la visite qu'il avait effectuée le 5 juin dernier, n'a toujours pas été suivie d'effet sur le terrain. Quel gâchis au moment où l'absence de structures spécialisées fait cruellement défaut à Chlef ?